Le pointage est effectif dans certaines administrations
Dès les premiers jours de son magistère à la tête du Sénégal, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son Premier ministre Ousmane Sonko ont montré une volonté ferme de faire respecter les heures de travail au niveau des différentes administrations. ‘’EnQuête’’ a fait quelques services pour s’enquérir de la mise en œuvre de la mesure.
Dans une note-circulaire, le ministère de la Fonction publique et de la Réforme du service public avait indiqué que le système de pointage et de contrôle des horaires de travail allait démarrer le 29 avril 2024.
Selon la note, la mise en place de ce pointage devrait permettre de contrôler la présence effective des travailleurs dans les entreprises publiques. "Il est porté à la connaissance de l’ensemble du personnel du ministère qu'il sera procédé au démarrage effectif du système de pointage biométrique déjà mis en place, à compter du lundi 29 avril 2024’’, informait le ministère dans un communiqué.
De même, ajoute la circulaire, tous les agents sont invités à se signaler, à l’arrivée comme au départ, par empreinte, sur le terminal situé au poste de police à l’entrée ou au sous-sol.
Toutefois, fait-on savoir, le personnel d’encadrement et les agents dûment autorisés ne sont pas concernés.
Ce 3 juillet 2024, au seuil des 100 jours du nouveau gouvernement, ‘’EnQuête’’ s’est rendu incognito audit ministère pour vérifier l’effectivité de la mesure. Le moins que l’on puisse dire, c’est que beaucoup d’agents sont arrivés à leur lieu de travail avant 8 h 30. Et c’est le ministre lui-même qui donne l’exemple. Olivier Bocal s’est, en effet, pointé à 8 h 8 mn précises. Ont suivi plusieurs autres agents entre 8 h et 8 h 30 mn. Nous avons pu dénombrer près d’une vingtaine d’agents durant cet intervalle. Tous, une fois sur place, se dirigent vers le terminal et posent leur empreinte sur la machine. Les rares retardataires qui sont arrivés sur les lieux vers les coups de 9 h ont accompli le cérémonial avant de se diriger vers leurs bureaux.
Nos tentatives de discuter avec les agents et les responsables sont toutefois restées vaines.
Après le ministère chargé de la Fonction publique, cap sur le centre hospitalier universitaire de Fann. Le constat est presque identique. Ici, témoignent des accompagnants trouvés devant le service cardiologie et pneumologie, les médecins traitants commencent très tôt les soins. D'ailleurs, soutiennent-ils, certains médecins viennent à 6 h et commencent le boulot avant 7 h. Interpellé sur le système du pointage, Abasse Sy, un anesthésiste à l'hôpital d'enfants Albert Royer, a souligné qu'ils l'ont démarré depuis un moment. Selon lui, les agents le font le matin à l'arrivée ainsi qu'à la descente. À la question de savoir s'il y a des sanctions en cas de non-respect du pointage ou en cas de retard, M. Sy a souligné qu'il n'a jamais entendu parler de sanction dans le service. "Je vois des gens qui respectent l’heure, qui viennent bien avant même ceux qui gèrent le pointage", a-t-il fait savoir.
Tout en affirmant que le principe du pointage n’est pas une mauvaise chose, il pense qu’il faut aller au-delà, car, estime-t-il, on peut venir à l'heure et ne pas être productif. ‘’Les gens peuvent venir à 7 h 30 ou 8 h et traîner les pieds à l'hôpital. Venir à l'heure et être productif, c'est différent. On peut avoir d'autres moyens pour motiver les gens à être plus productifs et à travailler plus".
FATIMA ZAHRA DIALLO
ORGANISATION DES ACTIVITÉS Le respect de l’heure est encore une exception Dans notre édition d’hier, nous revenions sur le respect de l’heure dans les différentes activités. Si certains essaient de faire des efforts, d’autres conservent encore leurs mauvaises habitudes. Parfois, les journalistes sont victimes de ces retards récurrents. La reporter Alma témoigne : "En fait, si les organisateurs commencent à l’heure, moi, en tant que journaliste, j’aurais du temps pour faire un bon papier ou même deux, pourquoi pas ? Mais malheureusement, ils commençaient avec énormément de retard et au lieu de faire un papier de 5 000 signes par exemple, tu te retrouves à faire un compte rendu de 3 000 signes. De plus, ça te prend toute ta journée." À cause de ces retards récurrents, il est difficile de planifier correctement son agenda. Ce qui désavantage surtout les rares personnes qui s’efforcent d’être ponctuelles. Consultant en gestion de projet, Christian Mba explique : "Lorsqu'une réunion commence en retard, tout notre planning de la journée est affecté. Je me souviens qu’un jour, j’avais un entretien et juste après, je devais avoir une obligation familiale. L’entretien était prévu pour 10 h. Sans aucun respect, les personnes qui étaient censées me faire passer l’entretien sont venues à 12 h. Et le pire, c’est que je n’ai même pas passé cet entretien à cette heure-là. À un moment, j’ai douté de la crédibilité de cette entreprise. Et en plus, je n’ai pas pu respecter l’engagement que j’avais envers ma famille ce jour-là." Pour lui, il faudrait des sanctions, si le gouvernement compte vraiment rendre effectives de telles mesures. |
THECIA P. NYOMBA EKOMIE (STAGIAIRE)