L’opposition récuse d'avance l’arbitrage de Macky Sall
Une journée dite cruciale s'est jouée hier entre acteurs politiques autour de la revue du code électoral imposée par l'acte 3 de la décentralisation. Au final, et même si l'opposition ne veut pas d'un arbitrage du président de la République, il semble que l'espoir soit encore de mise pour parvenir à un accord définitif sur les deux points de friction : le mode de scrutin et la clef de répartition des sièges.
Les partis politiques se sont à nouveau retrouvés, hier, pour ‘’vider le reste des questions’’ liées au code électoral. Si des ‘’avancées significatives’’ ont été notées, les acteurs ont cependant préféré ‘’différer’’ la question liée au mode de scrutin et la clé de répartition, le principal point de désaccord. ‘’Pour ne pas bloquer les travaux, nous avons mis cette question dans le panier des désaccords et avancer’’, confie-ton.
Parmi les points débattus, il y a le nombre d’électeurs enregistré dans chaque bureau de vote. Le pôle présidentiel a proposé que le nombre soit porté de 500 à 900 électeurs. Ce que l’opposition juge ‘’inopportun’’. Explication : «l’expérience a montré que le nombre d'électeurs votant aux élections n’atteint même pas 50%’’, confient nos interlocuteurs.
Le financement des partis politiques a aussi été au centre des discussions. Un point sur lequel la majorité et l’opposition ont exprimé leur accord. ‘’C’est une recommandation forte’’, insiste-t-on. Toutefois, les partis souhaitent que cette mesure soit ‘’encadrée’’ conformément aux ‘’recommandations de la CNRI (commission nationale de réforme des institutions)’’.
Autre ‘’recommandation forte’’, c’est la caution exigée aux partis politiques. A ce propos, ces acteurs préconisent un montant plafond et un montant plancher pour ‘’éviter les candidatures fantaisistes’’. En revanche, les représentants de partis et coalitions de partis ne sont pas parvenus à s'entendre concernant l’instance qui devrait proclamer les résultats des élections. L’opposition veut que cette prérogative revienne à la Commission électorale nationale autonome (CENA), alors que la majorité présidentielle estime, pour sa part, que cette mission est dévolue du Conseil constitutionnel au nom de la ‘’séparation des pouvoirs’’.
«On ne peut être juge et parti»
Les acteurs ont jusqu’à vendredi 9 mars 2014 pour trouver un consensus, faute de quoi ils devraient se soumettre à l’arbitrage du président de la République. Une démarche à laquelle s’opposent Maguette Sy, plénipotentiaire du Parti démocratique sénégalais et El Hadj Malick Badji, leader du Rassemblement démocratique républicain (RDR), un parti très proche de Idrissa Seck.
A eux deux, ils estiment que le chef de l'Etat et président de l'Alliance pour la république «ne doit pas être juge et parti». Son arbitrage risque alors d’être ‘’partial‘’. Ibou Badiane, du pôle présidentiel, lui, trouve que ‘’l’espoir est toujours permis’’. ‘’Il y a de fortes chances que nous tombions d’accord’’, déclare-t-il. Un ‘’espoir’’ partagé par Ndiaga Sylla, expert du pôle des partis et coalitions non affiliés. «Et si cela nécessite à ce que l’on proroge la date fixée pour le dépôt des conclusions, on le fera», fait savoir Ibou Badiane.
DAOUDA GBAYA