Si Malick Gakou, Maitre Madické Niang et Idrissa Seck sont aujourd’hui au second tour, ce n’est certainement pas faute de mérite. Les deux premiers ont été victimes des doublons, alors qu’Idrissa Seck souffre d’une bonne répartition de son électorat sur l’ensemble du territoire national.

Comme à César, il faut aussi rendre à Malick Gakou ce qui lui appartient. S’il n’est pas aujourd’hui sûr de valider ses parrains, ce n’est guère par faute de l’avoir mérité. L’ancien ministre du Commerce, candidat de la Grande coalition de l’espoir/Suxali Senegaal, a juste été une des plus grandes victimes de la loi sur le parrainage. Laquelle, bien que salutaire en cela qu’elle rationnalise la jungle politique, comporte (il faut le reconnaitre) beaucoup de failles. Une petite investigation menée par EnQuête montre clairement que la coalition de Malick Gakou est bien représentée dans au moins 10 régions du Sénégal. En effet, alors que la loi requiert, en sus des 53 457, la validation de 2000 parrains dans au moins sept régions, Suxali Senegaal avait fait mieux dans 10 régions. Même chez le président de la République à Fatick, Malick Gakou a pu glaner 3431 signatures valables.

Dans les lointains Ziguinchor, Sédhiou, Tambacounda et Kolda également, il a fait mieux que de la figuration. Obtenant respectivement dans lesdites régions : 2492, 2557, 2255 et 4318 parrains. A Dakar, Diourbel et Thiès, Malick a fait presque carton plein avec 10861, 5154 et 4638 parrains. Dans la zone nord, précisément à Saint Louis et Louga, le leader du Grand parti, a 2949 et 2102. Ce qui lui fait un score honorable de 45 834 parrainages validés par le Conseil constitutionnel sur les 67 842 parrains qu’il avait déposés. Le coordonnateur Pape Sow va même plus loin en informant qu’ils avaient plus de 2000 parrains dans 12 régions, mais malheureusement dans les deux, des parrains ont été invalidés ; ce qui les a placées en deçà de la barre des 2000.

En ce qui le concerne, le dissident du Parti démocratique sénégalais, Madické Niang, a fait moins bien, du point de vue géographique, avec une présence effective assez remarquable dans 8 régions administratives du Sénégal. Naturellement, Maitre a joué son va-tout dans la région de Diourbel où se trouve son fief, Touba. Dans le Baol, Madické 2019 a fait un score remarquable de 11 909 parrains. S’ensuivent Dakar, Thiès, Kaolack et Saint Louis où il a pu glaner dans l’ordre 10990, 5289, 4923 et 3799 parrains. Mais l’ancien ministre de la Justice sous Wade ne s’est pas limité à ces grandes villes du Sénégal. Sa coalition s’est également distinguée à Louga, Tambacounda et Ziguinchor où il a fait respectivement 3659, 2804 et 2004 parrains. Autrement dit, dans cette dernière région, il est passé de justesse. Madické a également fait 1567 parrains à Sédhiou pour se retrouver avec 51217 parrainages validés.

Pour sa part, Idrissa Seck, par erreur stratégique ou lacune territoriale, n’a pu valider que 6 régions. Il s’agit naturellement de son fief, Thiès où il a pu réunir 20888 parrains, Dakar où il a fait 7019 parrains, Diourbel avec 6845 parrains. Dans le nord du pays, le leader de Rewmi a de bons scores à Louga et Saint Louis. Dans la première, il a réussi à obtenir 4471 parrains et dans la seconde, il a fait 2521 parrains. A Ziguinchor, Tambacounda et Kaolack, Idrissa devra redoubler d’efforts au cas où il est admissible, car il n’a pu y valider que 1992, 1948 et 1899 parrains.

Alors comment se fait-il que Malick Gakou soit le plus dans le pétrin ? En fait, le transfuge de l’Alliance des forces de progrès a juste été lésé par l’ordre de passage. Des admissibles, il était le dernier à avoir déposé. De ce fait, il est celui qui a le plus été confronté au casse-tête des doublons. Le Conseil constitutionnel lui a en effet ôté 8888 signatures pour doublons. Maitre Madické Niang n’est pas loin avec 6377 rejets susceptibles d’être régularisés. Quant à Idrissa Seck, il a juste eu 176 doublons. Et puisque son souci n’est pas d’atteindre le minimum requis de 53457 parrains au niveau national, mais simplement de compléter ses parrains à Ziguinchor, la tâche s’avère beaucoup moins périlleuse pour lui. Car sur les 176 signatures qu’il a présentées, toutes à Ziguinchor, le Conseil n’aura besoin que de 8 parrains valides.

 De leur côté, Malick Gakou et Madické Niang devront respectivement présenter 8888 et 6377 parrains. Et si un seul est invalidé, ils iront tout droit au purgatoire, alors même qu’ils auraient plusieurs autres parrains en stock. Tous les trois ont déjà accompli la formalité de la régularisation. Comme dans l’ordre de départ, Malick, qui a déposé, hier, a été le dernier.

MOR AMAR