Le ‘’Fact-checking’’ pour venir à bout de ce problème
Des professionnelles de l’information et Goethe Institut ont tenu, hier, un panel à la Maison de la presse, pour aborder la problématique du ‘’fake new’’. Ils ont ainsi tenté d’apporter des solutions pour faire face à ce phénomène de désinformation.
Goethe Institut Sénégal, en partenariat avec Africa Check et la Maison de la presse ont tenu, hier, un panel sur le thème ‘’La démocratie face aux ‘fake news’ et à la désinformation’’. Ainsi, les organisateurs estiment que les réseaux sociaux sont à l’origine de la diffusion de ces fausses nouvelles qui impactent négativement sur la vie des citoyens. Par conséquent, il urge, selon les spécialistes de la communication, de trouver des moyens d’encadrer ces ‘’fake news’’.
A ce propos, Samba Dialimpa Badji est contre toute sanction pénale pour les producteurs de ces fausses nouvelles. En effet, le rédacteur en chef d’Africa Check révèle que ‘’le gouvernement fait partie des grands créateurs de ‘fake news’. Par conséquent, on risque d’emprisonner des ministres. Alors, légiférer ne ferait qu’augmenter des problèmes’’.
Le journaliste indexe, par contre, ses confrères qui, pense-t-il, ont laissé trop le champ libre aux diffuseurs des fausses nouvelles.
Le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de Reporters sans frontières (Rsf) est d’avis, pour sa part, qu’un travail minutieux doit être fait dans les rédactions. ‘’Chacun doit faire du ‘’fact-checking’’ (vérification pour démonter les fausses informations) pour une réponse journalistique. Ce travail-là demande des moyens financiers et humains, et prend du temps. C’est du journalisme d’investigation, pour faire allusion au temps qu’on y passe’’, préconise Assane Diagne, par ailleurs ancien rédacteur en chef du site Africa Check.
Il pense, en outre, que les Etats peuvent également aider à légiférer, en facilitant l’accès à l’information.
Pour Assane Seck, la désinformation est souvent le fait des politiques qui l’utilisent comme arme pour se donner une importance qu’ils n’ont pas ou détruire leurs adversaires. Le journaliste donne, à ce propos, comme exemple, la période électorale pendant laquelle, dit-il, le citoyen a besoin d’avoir accès à des informations vraies pour faire le bon choix. ‘’Si on se rend compte qu’il est influencé par des informations manipulées, on peut douter de l’intégrité du processus électoral dans les pays ou ces ‘fake news’ dominent dans l’espace politique’’, explique le directeur Afrique de Rsf.
A ses yeux, la diffusion de fausses nouvelles porte atteinte à ceux qui font du vrai journalisme.
Sur Internet, dit-il, les sites spécialisés sont beaucoup plus visibles, les mensonges attirent plus de clics que les faits avérés. Forcément, cela porte atteinte à l’exercice de la fonction, à la visibilité du journalisme.
‘’Fake news’’ et diffamation
Par ailleurs, les organisateurs du panel pensent qu’il faut faire la différence entre ‘’fake news’’ et diffamation. Dans le premier cas, expliquent-ils, il appartient au procureur d’apporter les preuves, alors dans le second cas, il appartient à l’accusateur d’apporter des arguments. Ainsi, pour qu’il y ait ‘’fake news’’, il faut la réunion de quatre éléments. Bouna Manel Fall liste ainsi : l’acte de publication qui fait le délit, ceci au-delà des supports des médias classiques. S’ensuit la vérification des fausses nouvelles par le ministère public. Il y a également la mauvaise foi du diffuseur de la nouvelle et, pour finir, les conséquences que cela peut avoir sur l’espace public.
HABIBATOU TRAORE