Publié le 18 Jan 2021 - 20:04
CIMETIERE DE BAKHIYA, A TOUBA

12 272 en 2020 contre 10 697 en 2019

 

Cimetière national où sont enterrés des fidèles mourides venus de tous les recoins du Sénégal et même au-delà, Bakhiya a comptabilisé, en 2020, une hausse de 1 575 morts par rapport à l’année 2019, soit en valeur relative 12,83 %. Ce qui confirme la tendance déjà observée au niveau de Rufisque.  Mais ce qui attire le plus l’attention à Touba, c’est la différence énorme entre les hommes (90,47 %) et les femmes 9,52 %.

 

Le récapitulatif du nombre de défunts enterrés au cimetière de Bahiya de Touba par genre pour l’année 2020, donne 11 103 hommes, soit 90,47 %. Les femmes qui y reposent se chiffrent à 1 168, soit un taux de 9,52 %. Le reste, soit 0,01 %, est une ‘’personne inconnue’’ dont le corps était en état de putréfaction très avancé et le sexe n’a pu être déterminé’’, renseigne Ablaye Diop, Secrétaire général du Dahira Moukhadimatoul Khidma.

Ce Dahira, qui compte environ 1 200 membres, est chargé de la gestion du cimetière de Bakhiya et des anciens cimetières situés à quelques encablures de la grande mosquée de Touba. Dans ces deux lieux, sont affectées 27 personnes dont les 15 exclusivement au cimetière de Bakhiya.  

Dans ce cimetière très bien organisé, les causes des décès sont bien répertoriées. Selon les chiffres, les morts naturels caracolent en tête, avec 9 915 morts. Viennent, en deuxième position, les personnes décédées de maladies non-élucidées, qui sont au nombre de 670. En troisième place, on note le paludisme, avec 373 décès. Viennent, ensuite, les personnes mortes de tension qui sont au nombre de 297 ; les accidents de la circulation avec 273 décès ; les mort-nés avec 106 enregistrements, entre autres.

Par ailleurs, le classement selon l’origine des dépouilles met naturellement Touba en tête avec 4 804 cas, suivi de Thiès avec 2 057 décès. La ville de Diourbel vient en 3e position avec 1 793 morts. Elle est suivie de Dakar avec 1 624 personnes, Louga avec 910 personnes décédées. Ensuite, viennent, dans l’ordre, les régions de Kaolack avec 502 décès, Fatick avec 297, Kaffrine avec 144, Tamba 58, Saint-Louis 47 ; Ziguinchor 21, Matam 4 ; Kolda 3.  

Le récapitulatif par mois renseigne que, de janvier à mars, les personnes enterrées en provenance de Touba sont au nombre de 327 et, en dehors de Touba, de 777. Durant la période de confinement, c'est-à-dire entre les mois d’avril et de juillet, il a été noté un pic à Touba, avec 420 morts en juillet. Pour le reste du pays et du monde, 1 077 morts ont été enregistrés en juillet ; 1 061 au mois de juin.  Entre août et décembre, 622 morts sont venus de Touba et 1 213 hors de Touba. 

Dans le rapport présenté au premier semestre, il était indiqué que les mois de juin et juillet ont été les plus macabres, avec respectivement 1 092 et 1 090, suivis du mois de janvier avec 984 dépouilles, de février avec 851 cas, mai avec 849 cas, mars avec 781 cas et avril avec 728 inhumations.

COMMENTAIRE

Pas de conclusion hâtive !

Malgré la hausse du nombre de morts constatés un peu partout à travers les localités où l’enquête a été réalisée, il serait hâtif d’établir un lien direct avec la pandémie de coronavirus. En effet, selon une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le taux brut de mortalité au Sénégal est estimé à 6,8 décès pour 1000 habitants. Pour une population de 16.000.000 d’habitants donc, on peut projeter le nombre de morts à un total de 108.800. En conséquence, cette hausse de la mortalité, quoi que très importante par endroit, pourrait aussi s’expliquer par une hausse de la démographie. Selon toujours l’ANSD, le taux brut de natalité est estimé à 36 pour 1000 habitants.

Par ailleurs, dans les différentes localités visitées, même si des pics sont généralement constatés aux mois de juin et juillet, rien n’indique que c’est dû exclusivement à la pandémie. En effet, dans bien des localités, il a été remarqué des mois hors pandémie ou de recul de la maladie, plus mortels que des mois en pleine crise. Aussi, faut-il le rappeler, partout un nombre très important de morts nés a été déploré, alors que ces couches sont relativement épargnées par la covid-19.

Du moins si l’on en croit une bonne partie de la revue scientifique. Généralement, dans presque toutes les localités où l’on dispose de l’ensemble des chiffres officiels, on constate une croissance de la mortalité qui s’établit autour des 12%. D’où la nécessité peut-être de voir le rythme de croissance des morts pour les autres années pour avoir une idée plus étayée sur le rapport entre la hausse de la mortalité en 2020 et la pandémie de Covid-19.

Boucar Aliou Diallo 

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