La société civile locale demande à Macky Sall l’arrêt officiel des activités de l’usine
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La tenue de la Cop26 regroupant les dirigeants de monde sur la cause climat, a servi de nouveau prétexte pour les habitants de Bargny de relancer les actions en vue de la fermeture de la controversé future centrale à charbon.
Les dirigeants du monde se réunissent, depuis dimanche dernier, pour le climat. Le Scottish Event Campus de Glasgow (Ecosse) a abrité, ces 1er et 2 novembre 2021, un sommet des chefs d’État tenu dans le cadre de la 26e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (Cop26). Cet événement mondial se tient jusqu’au 12 novembre, dans l’optique de trouver des solutions durables de lutte contre le réchauffement climatique.
Alors que le Sénégal participe à ces négociations sur le climat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, à Bargny (une trentaine de kilomètres de Dakar), la société civile mène toujours le combat contre l’établissement d’une industrie polluante. Le moment n’a pas été choisi au hasard pour demander au président de la République l’arrêt total de la centrale à charbon de Bargny. La lettre ouverte a été signée par 24 membres de la société civile sénégalaise et organisations environnementales à base communautaires basées à Bargny et environs. Le contexte aidant, avec les engagements internationaux du Sénégal, ces environnementalistes locaux disent se fonder sur l’article 13 du Code de l’environnement et la Constitution du Sénégal.
En 2015, le Sénégal a fait partie des 195 pays ayant signé l’accord de Paris, lors de la Cop21, visant à réduire les gaz à effet de serre. Cependant, il n’y avait rien de vraiment contraignant pour les Etats laissés libres de fixer leurs propres objectifs de réduction à atteindre. L’obligation étant simplement d’en informer les Nations Unies. L’article 13 de la loi n°2001-01 du 12 avril 2001 portant Code de l'environnement organise les conditions d’octroi d’autorisations pour les installations qui présentent de graves dangers ou inconvénients pour l’environnement.
Pour les organisations de la société civile, leur lettre ouverte s’inscrit dans le cadre de la campagne citoyenne BargnyDitNonAuCharbon, dans laquelle ‘’nous, communautés locales affectées par cette centrale, organisons plusieurs mobilisations avec l’appui des activistes sénégalais pour dénoncer les nombreuses violations dans les différentes procédures de construction de cette infrastructure. Notre demande fondamentale est l’arrêt définitif de ce projet, car nous savons que le Sénégal n’a pas besoin de combustibles fossiles pour atteindre son émergence’’.
Les constatations d’infractions aux règles environnementales citées dans la lettre concernent : l’installation de centrale sur ‘’un site confronté à une érosion côtière grandissante et la pollution engendrée par la plus grande cimenterie de l’Afrique de l’Ouest’’ ; sa proximité avec des quartiers habités (Minam, Ndiaga Sambe et Ndiandia) et d’établissements sensibles (case de santé de Minam, garderie d’enfants, école primaire et du site de transformation de produits halieutiques tenu par les femmes (1 000) de Khelcom ; la pollution et ses conséquences sur la santé et les activités économiques des populations locales, entre autres.
Depuis sa mise en place en 2015, la centrale à charbon de Bargny est vivement contestée par les populations locales qui redoutent des conséquences environnementales et sociales néfastes. Face aux différentes manifestations de rejet de l’industrie, le ministre de l’Environnement a déclaré, en janvier 2021, que l’Etat a pris la décision irréversible de transformer cette centrale à charbon en centrale à gaz. ‘’Le gaz, c’est quand même une énergie propre, même si elle est fossile. C’est la raison pour laquelle le Sénégal s’est engagé désormais à aller dans le sens de doter le pays d’équipements capables de fournir une énergie propre’’, assurait Abdou Karim Sall lors d’une intervention sur la RFM, reprise par Senego.
Ce choix ne satisfait pas, non plus, des populations locales qui estiment ‘’qu’autant que le charbon, le gaz est nuisible à l’environnement et aurait des impacts similaires au charbon’’. Les 24 organisations de la société civile encouragent plutôt le président de la République ‘’à accélérer la transition vers une économie basée sur des modèles d’énergies renouvelables, simples et décentralisées, gérées par la communauté, au service du développement local et durable’’. Le contexte de la Cop26 s’y prête. D’autant plus que, lors de la rencontre pour la préparation des membres de la délégation sénégalaise appelés à prendre part à ce sommet sur le climat organisé le 14 octobre dernier, le ministre de l’Environnement avait déclaré que les interventions du Sénégal reposent sur deux leviers majeurs : l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques.
LAMINE DIOUF