Publié le 19 Jan 2021 - 05:37
CIMETIERE KEUR MADOCKI DE THIÈS

De 17 morts en février à 44 en décembre

 

En dix mois, 290 individus ont été inhumés au cimetière Keur Madocki Ndiaye, dans la ville de Thiès. Au cimetière municipal catholique sis à Diakhao, l’on indique qu’à la même période, moins de 30 personnes y ont été enterrées.

 

9 h 24 ! Nous sommes au cimetière Keur Madocki Ndiaye, situé au quartier Randoulène Sud, dans la commune de Thiès-Ouest. En cette matinée si fraîche du lundi, l’endroit est très calme. Pas un seul mouvement. Aux abords de la grande mosquée de Grand-Thiès jouxtant le cimetière, deux vieux hommes. Assis sur un banc, ils dégustent leur petit-déjeuner. Chacun tient entre ses mains un morceau de pain et une bouteille de jus de ‘’bissap’’.

L’un d’eux est le maître des lieux. Il porte un gilet de couleur vert sur lequel est soigneusement mentionné ‘’Cimetière Madocki’’. C’est ce dernier qui nous conduit à l’intérieur de cet immense espace. Sans doute, le plus grand cimetière de la ville de Thiès. Juste à l’entrée, l’on découvre un petit ‘’bureau’’. C’est ici où est précieusement gardé le registre. Lequel contient toutes les personnes qui y ont été inhumées ainsi que toutes les dates d’inhumation. En cette période de pandémie, le gardien des lieux a eu, dans un premier temps, une réticence à nous montrer ledit registre. Mais après quelques minutes de conciliabules, le septuagénaire a fini par céder.

Entre mars et décembre 2020, 390 personnes ont été inhumées dans ce cimetière, d’après les statistiques qui nous ont été communiquées par le gardien des lieux. Une comparaison entre les différents mois laisse paraitre une certaine constance, mais avec une explosion par rapport aux mois de février, avril, mai et juin de l’année écoulée. Par exemple, pour les mois de juillet, août, septembre, octobre, novembre et décembre, le nombre de morts répertoriés est respectivement de 44, 45, 45, 46, 46 et 44. Entre février et juin, le nombre de morts répertoriés dans le registre varie, dans l’ordre, entre 17, 41, 29, 26 et 24. Dans ce registre étalé entre 2016 et 2020, les statistiques de l’année 2019 ne sont malheureusement pas disponibles pour permettre de faire une comparaison. Pour l’année 2018, seuls les mois de mai et août ont été pris en compte pour un total de 49 individus inhumés à Keur Madocki Ndiaye, soit une moyenne d’environ 25 morts par mois, presque autant qu’en mai 2020 en pleine pandémie (26), mais beaucoup moins que pour août 2020 qui totalise 45 enterrements dans le même cimetière.

Après Keur Madocki Ndiaye, cap sur Keur Mame El Hadj, dans la cité religieuse éponyme. Ici, les statistiques ne sont pas disponibles. Un registre n’est pas conçu à cet effet. Parce que le vieux El Hadj Mboup qui s’occupe des enterrements affirme ne pas être sur place pour compter les morts qui y reposent. Deuxième en termes de superficie, le cimetière de Keur Mame El Hadj peut accueillir, chaque année, près de 300 dépouilles, voire plus, révèle un jeune homme qui se charge avec ses camarades de l’entretien des lieux. Sans plus de précision pour permettre une comparaison.  

Au cimetière municipal catholique implanté au quartier Diakhao, dans la commune de Thiès-Nord, c’est la même remarque. Pas non plus de statistiques. Cependant, le gardien de cet espace soutient qu’en 2019, le nombre de personnes qui y ont été inhumées ne dépasse pas la trentaine. Tout comme en 2020, s’empresse-t-il de préciser. ‘’Parfois, si c’est trop, on reçoit quatre à cinq tous les deux ou trois mois. Cela peut s’expliquer par le fait que ce cimetière date depuis les colons et que les gens préfèrent enterrer leurs morts ailleurs. Parce que les villages environnants ont leurs cimetières. D’ailleurs, il ne reste que quelques poches dans de ce vieux cimetière’’, fait-il savoir.

Mais il insiste sur le fait que le nombre de personnes inhumées dans ce cimetière, que ce soit en 2019 ou 2020, ne dépasse pas trente.

Pour avoir une idée des personnes qui sont décédées en 2019 et en 2020, nous nous sommes rendus au service de l’état civil de la marie de la ville, plus précisément au bureau en charge de la délivrance des certificats de décès. Sur place, la patronne du service nous a conduits à la direction en charge de la communication. Celle-ci a promis de se saisir du dossier avant de nous revenir avec tous les chiffres. Mais nos tentatives sont restées sans suite.  

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)  

 

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