Publié le 20 Dec 2012 - 12:08
DESSOUS MORAUX ET POLITIQUES DE LA CRISE DE 62

Quand la jalousie brise les liens fraternels

 

Au Sénégal, la dualité du pouvoir s’est révélée chimérique le 17 décembre 1962. Une crise savamment orchestrée est venue à bout d’un bicéphalisme pensé et souhaité dès le début par ses concepteurs. Loin de nous la prétention de restaurer une partie ‘’alambiquée’’ de l’histoire politique du Sénégal. Mais nous souhaitons juste revisiter un pan de l’histoire en mettant l’accent sur la version de Mamadou Dia, ancien président du conseil, qui souffre d’une bonne visibilité populaire face à la grandissime ‘’épopée Senghoriste’’.

Mamadou Dia fut le premier Premier ministre du Sénégal.

 

 

Quoi qu’il en soit, un fait reste têtu : s’il y avait dualité du pouvoir, ce n’était pas dans le but de disputer le pouvoir, ni de lorgner  le fauteuil du Président Léopold Senghor qui a presque ‘’fait’’ Mamadou Dia. La totalité des observateurs s’accordent sur le fait que Léopold Senghor avait, au début, avalisé ce bicéphalisme. D’ailleurs, à l’intention de ceux qui le jugent, Mamadou Dia a dit ferme: ‘’On fait un coup d’Etat pour prendre le pouvoir. Moi  j’avais tous les pouvoirs’’. 

 

 

Effectivement, il avait tous les pouvoirs, lui qui a été président du conseil assumant les mesures impopulaires. On parlait de lui aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. Le dernier mot lui appartenait dans les conférences de chefs d’Etat et de gouvernement. Bref, l’un était aux commandes, l’autre assistait parce qu’ayant un titre de président de la République purement honorifique. Dans son livre intitulé ‘’Mémoire d’un militant du Tiers Monde’’ édit. Publisud, paru en 1990, Mamadou Dia a longuement livré sa version des faits en ces termes: ‘’En effet, nous étions véritablement des camarades (…). Chef de gouvernement, je me préoccupais, lors des cérémonies, de le pousser toujours devant, pour tenir compte du fait que c’était lui mon leader. Mais depuis que nous sommes entrés dans cette phase-là, lui, très sensible aux questions de protocole, nos relations personnelles ont été autres’’.

 

Senghor était-il gêné par l’aura de son poulain, celui-là même qui soutient lui avoir été loyal jusqu’au bout ? Tout porte à le croire et de l’avis d’Ababacar Fall-Barros, ex-membre du bureau politique d’AJ /Pads, ‘’Senghor était un peu… jaloux, quelque part,  de la popularité du Président Dia’’.

 

Dans une note où il reprend plusieurs lignes du livre de Mamadou Dia parvenue à EnQuête, il souligne qu’après ‘’l’élimination de son ami, et la révision de la constitution à son goût’’, le président Senghor se pavanait partout dans le monde. ‘’Senghor s’est senti épanoui pour faire le tour du monde, pour faire également étalage de ses connaissances littéraires et non chercher réellement à développer son pays. Au contraire, il s’est attelé à persécuter les autres militants progressistes’’.

 

A ce titre, il citera Tidiane Ly, Baïdi Ly, Cheikh Anta Diop, etc. Aussi, ajoute Ababacar Fall-Barros, le président Senghor s’est employé ‘’à  combattre à l’intérieur comme à l’extérieur du pays tous ceux qui portaient la vision progressiste du président Dia’’. Une véritable chasse aux sorcières qui s’est poursuivi jusqu’’en 1974, période qui a vu l’arrivée d’autres courants politiques limités à quatre.

 

 

A suivre

 

Amadou NDIAYE

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