L’eau, de plus en plus inaccessible
L’eau est inaccessible en milieu rural. L’impact de la réforme de l’hydraulique rurale est négatif, selon les membres de l’Asufor qui dénoncent une mauvaise gestion des sociétés privées. Ils souhaitent un retour à la case départ. Ils intervenaient hier, lors d’une rencontre organisée par le Forum civil, autour de la question de l’eau en zone rurale.
La problématique de l’eau devient de plus en plus persistante. Elle se fait rare dans certains endroits de Dakar, à plus forte raison dans les zones reculées. La réforme du secteur de l’hydraulique rurale, engagé par le gouvernement du Sénégal, n’a pas permis d’étancher la soif des populations. Un mal profond qui a poussé le président de la République a demandé sa suspension pour une évaluation. Les travailleurs de l’hydraulique (qui s’interrogent sur l’effectivité de cette suspension, soutiennent qu’il y a d’énormes problèmes au niveau des forages et des populations.
Ainsi, la manière dont les entreprises privées (Aquatech, Flex-Eau, Seoh, etc.) gèrent la question de l’approvisionnement en eau dans les zones rurales est dénoncée, hier, en marge d’une session de formation au profit de journalistes sur ‘’L’impact de la réforme de l’hydraulique sur la vie des populations’’. Une session de mise à niveau organisée par le Forum civil. Pour l’ancienne présidente d’Asufor (association des usagers des forages ruraux) dans le département de Mbour, la réforme de la gestion de l’hydraulique rurale est ‘’une honte pour les populations et les travailleurs’’. A Mboro (Thiès), ‘’Aquatech a causé d’énormes dégâts. Les populations n’ont pas d’eau. Et quand elles veulent faire des réclamations, elles ne voient pas d’interlocuteur, selon Ndiaga Ndiaye qui évolue dans cette ville. D’après lui, les populations de Mboro, qui n’ont jamais protesté contre la gestion de l’Asufor, organisent désormais, de manière fréquente, des marches pour contester la gestion d’Aquatech. ‘’Les forages ont été construits par les villageois eux-mêmes, soit avec l’argent d’une cotisation, soit avec l’aide qu’ils reçoivent des pays étrangers. Donc, c’est injuste qu’une société étrangère vienne gérer ces forages sans l’aval des populations’’, fulmine un agent d’Asufor. ‘’Toute cette réforme a des enjeux financiers. On ne veut plus qu’Aquatech continue de gérer nos forages’’, a-t-il ajouté.
Il faut aussi préciser que l’installation des opérateurs privés, concernant le remplacement des Asufor par ces derniers, est répartie en trois zones : la zone Kaolack-Kaffrine gérée par le Flex-Eau ; Tambacounda-Goudiry par le Soses ; Thiès-Diourbel par Aquatech. ‘’Pour le cas de la gestion des forages de Kaolack et de Kaffrine, Flex-Eau a montré son incapacité, après un an et demi de gestion. Flex-Eau a fait tomber en panne six forages dont quatre dans la région de Kaolack et deux dans la région de Kaffrine, ceci par négligence et le non-respect des caractéristiques techniques’’, dénonce les travailleurs de la SNTH (Société nouvelle de travaux hydrauliques). Le forage de Koutal, situé dans la commune de Ndiaffate, selon les contestataires, ne pouvait supporter qu’un débit de 40 m3/h. ‘’L’opérateur Flex-Eau, par ignorance, est allé y mettre une grosse pompe d’un débit de 80 m3/h. Il y a eu une réaction immédiate. Le forage est détruit’’, dénoncent-ils.
Les forages de Fass Gossas et de Keur Mabadiakhou ont subi le même sort. Le même cas est constaté dans le département de Kaolack où le forage de Sibassor fonctionnait ‘’correctement’’ avec sa pompe bien calibrée, une de 7,5 kW HMT 30 M3/h. ‘’Flex-Eau, venue uniquement pour chercher de l’argent, a remplacé la pompe par une autre de 18,5 kW, avec un débit de 60 m3/h qui a provoqué la présence élevée d’eau salée. Conclusion : forage imbuvable’’, regrettent les techniciens.
Dans la région de Kaffrine, l’on signale que le forage de Santhie Galgoné et celui de Malème Hodar ne fonctionnent plus. De plus, selon la SNTH, l’eau est devenue dans beaucoup de localités plus chère et pas du tout accessible.
BABACAR SY SEYE