Publié le 14 Feb 2025 - 16:30

L'APR déchire tout

 

Elle ne s'est pas du tout fait attendre, cette réplique des ‘’apéristes’’. Bien au contraire, saisissant la balle au bond, les anciens tenants du pouvoir, arguments sur la table, ont dégagé en touche les conclusions du rapport définitif de la Cour des comptes qui dit que la gestion de l'ancien régime est loin d'être exempte de tout reproche.

 

Aissata Tall Sall, Sidiki Kaba, Pape Malick Ndour et Oumar Youm, pour ne citer que ceux-là, la “task force républicaine” était au complet pour apporter une répartie nécessaire aux conclusions du rapport définitif de la Cour des comptes de 2019 à 2024. Selon l'APR, cet épisode Cour des comptes n'est qu'une “nouvelle cabale du gouvernement”, avouant  “qu’il va échouer, mais qu’il va faire porter la responsabilité de son échec à d'autres’’, estime le porte-parole du jour Pape Malick Ndour. Poursuivant cette démolition des conclusions du rapport définitif de la CDC, M. Ndour explique que c'est là un appel lancé aux Sénégalais “à n’attendre aucun changement positif, pendant que les membres du régime, au sommet de l’État, continuent à vivre aux frais de la princesse”.

Le rapport passé à la loupe !

Analysant le rapport en soi, il s'interroge dans un premier temps sur la forme du document. “Le rapport produit par les services de l’IGF et la certification n’a pas respecté le principe du contradictoire. Aucun ancien ministre des Finances n’a été soumis à cet exercice, ce qui aurait pourtant permis d’apporter des éléments de réponse à certaines interpellations”.

Quand il s'engouffre dans des aspects un peu plus techniques, l'ancien ministre de la Jeunesse d'ajouter : “Conformément à l’ordonnance 32/2024/CC/CABF/G en date du 30 septembre, la composition de la mission a été fixée, mais celle-ci, curieusement, a été modifiée un mois plus tard par une nouvelle ordonnance”. Estimant que cette attitude est douteuse, M. Ndour a posé les questions suivantes : “Pourquoi cette modification ? Quelqu’un a-t-il été remplacé ? La composition des membres de la mission a-t-elle été modifiée et si oui, pour quelle raison ? La cour a le devoir, au regard de l’impératif de transparence, de donner les motivations de cette révision.”

Analyse de la dette extérieure

Ce qui attire l'attention de celui que ses camarades de parti surnomment ‘’Mbappé’’, c'est l'absence de mentions telles que “détournement, ouverture d’information judiciaire, traduction devant la chambre de discipline financière ou même de remboursement”.

Selon PMN, cette constatation claire ne favorise pas, à priori, des poursuites, contrairement à la déclaration du garde des Sceaux lors du point de presse, un peu plus tôt, du gouvernement. “Maintenant, il importe de comprendre et de savoir par quelle alchimie le ministre de la Justice est arrivé à définir des catégories d’infractions et des personnes qui devront  répondre devant les juridictions  compétentes, en l’occurrence la Haute cour de justice et le Parquet financier”.

S'attardant sur l’analyse de la “dette extérieure” contenue dans le rapport, il affirme qu'elle ne fournit pas “d’éléments nouveaux, d’autant plus que le dernier rapport sur la dette réalisé par la Cour des comptes (mystérieusement disparu de la barre de téléchargement du site de la cour) avait déjà mentionné des écarts”. Lesquels écarts dus à “des dysfonctionnements dans les comptabilités de la Direction de la dette publique, de la DODP et du Trésorier général”.

Dans la démonstration ‘’apériste’’, on laisse entendre que ‘’le rapport élaboré et adopté par la Chambre des affaires budgétaires et financières de la Cour des comptes n’a émis aucune réserve majeure concernant les recettes et les dépenses du budget général, qui sont identiques à celles figurant dans les différentes lois de finances et naturellement donc du rapport du gouvernement”. C'est la conclusion similaire pour “les comptes spéciaux du Trésor”.

Une  situation qui  s’explique, à en croire PMN, “par le fait que les recettes, les dépenses et les mouvements des comptes spéciaux ont été comparés aux chiffres contenus dans les lois de règlement des différentes années concernées déjà certifiées par la Cour des comptes”.

Pape Malick Ndour : “En l’absence de griefs pertinents sur les chiffres de la dette publique…’’

L'ancien ministre de la Jeunesse fustige aussi ce subterfuge utilisé par l'actuel gouvernement dans le calcul de la dette publique. “En l’absence de griefs pertinents sur les chiffres de la dette publique, le nouveau gouvernement a cherché à y intégrer le financement intérieur privé et ses mécanismes de facilitation, qui ne sont en réalité que des instruments de gestion de la trésorerie de l’État et non des dettes publiques”, soutient M. Ndour.

Ce dernier s'est ensuite permis une petite leçon sur l'essence même de la dette publique. “Pour rappel, la dette publique est constituée de deux composantes : la dette intérieure, consistant en l’émission de titres publics (bons du Trésor et obligations) au sein des marchés financiers régionaux, et la dette extérieure, consistant en des prêts contractés auprès d’organismes bilatéraux et multilatéraux ainsi que des prêts aux conditions du marché (levée de fonds sur les marchés financiers internationaux, etc.)”.

L'État a fait affaire avec l'État

Sur les immeubles de l'État qui auraient été vendus, Pape Malick Ndour s'est aussi voulu le plus convaincant possible. À ce propos, il déclare ceci : “Comme rappelé dans le dernier paragraphe de la page 34 du rapport, ces biens ont été vendus à la Sogepa. La cour elle-même n'émet aucun grief sur la vente puisque, d'une part, la Sogepa est une société nationale détenue exclusivement par l'État et, d'autre part, l'article 4 de la loi n°2022-36 du 22 novembre 2022 permet le transfert par l'État à la Sogepa, par cession ou à titre gratuit ou onéreux ou par tout autre mode, des droits et immeubles nécessaires à la réalisation de son objet social.”

Bien évidemment, l'ancien régime n'a pas raté le principal instigateur de cette polémique, à savoir l'actuel PM. “Ousmane Sonko est un partisan de la fuite en avant. Il a toujours trouvé des prétextes pour ne jamais faire face à ses responsabilités. Les promesses de rupture et de transformation systémique ayant fondu comme neige au soleil, lui et son président délégué cherchent par la manipulation à se défausser sur les fonctionnaires de l’État, républicains et patriotes, qui servent notre pays avec compétence et dévouement”.

Encore beaucoup plus acerbe dans ses propos à l'égard du chef du gouvernement, M. Ndour renchérit : “L’Administration, que Ousmane Sonko a toujours méprisée, en la traitant de ‘système’, est la vraie cible de cette grossière machination, alors que les fonctionnaires, qui n’ont aucune coloration politique, sont exclusivement dévoués au service de l’État. Ce rapport de la Cour des comptes, dont la méthodologie et certains contenus brillent par leur caractère douteux et bancal, n’est en fin de compte que la revendication d’un attentat contre le Sénégal et les Sénégalais perpétré par Ousmane Sonko.”

Mais pour cette branche de l'opposition, la responsabilité républicaine sera de mise face aux agissements du gouvernement. “Si la position dans l’opposition impose la responsabilité de faire face à ce régime, la dignité des républicains exhorte à ne jamais contribuer de quelque manière que ce soit au discrédit des institutions et à la destruction de la réputation du Sénégal”.

Toutefois, d'après Pape Malick Ndour, “il est seulement regrettable que certains fonctionnaires de l’État, en particulier d’une prestigieuse institution, aient cédé à l’injonction faite par le Premier ministre de trahir leur pays pour satisfaire son égo et justifier son inaction et son échec”.

En définitive, aux yeux du parti de Macky Sall, nous sommes en face d'une fuite en avant des nouvelles autorités. “Ce comportement irresponsable du nouveau régime va coûter très cher au Sénégal en réputation et en coût d’emprunt ! L’échec du gouvernement actuel du fait de son incompétence face à ses obligations élémentaires : paiement des salaires et pensions, du service de la dette, des bourses d’étudiants, des subventions sociales, etc., qui veut, depuis bientôt un an, tout mettre sur le dos de ses devanciers est tout simplement pathétique”.

Aissata Tall Sall en rajoute une couche 

Pour Aissata Tall Sall, un condensé du rapport en 3 F (fond, forme et finalité) résume sa prise de parole. Afin de s'appesantir sur la “finalité” du document justement, l'avocate estime qu'elle vise uniquement à “salir le bilan de l'ancien président de la République Macky Sall”. Mais ce n'est pas tout, ATS renseigne que cette publication va faire des victimes, au premier rang la Cour des comptes elle-même. Car elle déclare que “depuis sa création, c'est la première fois que la CDC est contestée”. Pour les beaux yeux d'un homme, “elle n'avait pas à se tirer une balle dans le pied”.

En outre, Me Aissata Tall Sall regrette qu'au bout du compte, l'État du Sénégal soit le seul vrai perdant dans cette affaire. “La note du Sénégal va être dégradée, mais le gouvernement actuel est le seul fautif de la situation actuelle. Même si les supputations étaient fondées, le pouvoir devait agir avec responsabilité”.

Dans sa communication, la parlementaire s'est même amusée à évoquer le bilan de Pastef. Après 10 mois au pouvoir, pour Aissata Tall Sall, “la montagne a accouché d'une souris. J'espère qu'ils vont se rattraper, mais l'odeur qui émane de la cuisson n’augure pas forcément une délectation pour le peuple sénégalais”.

MAMADOU DIOP

Section: 
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