L'armée française bombarde le commissariat central de Gao
Reprise il y a plus de deux semaines par les armées malienne et française, Gao est la cible d'attentats et d'attaques perpétrés par les groupes islamistes armés depuis plusieurs jours. Dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 février, un hélicoptère de l'armée française a bombardé le commissariat central de la ville dans lequel se trouvaient des islamistes armés.
L'armée française a bombardé, dans la nuit de dimanche à lundi, le commissariat central de la ville de Gao, où étaient retranchés des islamistes armés qui avaient affronté des soldats de l'armée malienne dans l'après-midi.
Plusieurs témoins ont dit avoir vu « un hélicoptère » de l'armée française bombarder le batiment, totalement détruit, a constaté un journaliste de l'AFP qui a également vu des débris de corps humains aux alentours. Un autre témoin a affirmé de son côté qu'un des islamistes qui se trouvaient à l'intérieur du commissariat s'était également fait exploser.
Le bombardement du commissariat de la ville, ancien siège de la « police islamique » avant l'arrivée des armées française et malienne le 26 janvier, est survenu après une recrudescence des activités des islamistes armés qui, après avoir apparemment fui la ville dans un premier temps, y sont revenus ces derniers jours.
Le check-point sur la route de Bouren avait été attaqué vendredi matin par un kamikaze islamiste puis de nouveau samedi soir par un autre kamikaze.
L'attaque de ce poste de contrôle survenue samedi soir aurait permis l'infiltration du commando qui a harcelé les troupes maliennes dimanche. La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu'un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s'était fait exploser à proximité vendredi, dans le premier attentat-suicide enregistré au Mali et revendiqué par le Mujao.
Par ailleurs en ville, les combats se sont interrompus à la tombée de la nuit dimanche, les forces françaises et maliennes ayant à priori éliminé le groupe islamiste qui les harcelait dans le centre de Gao. Des sources françaises et maliennes ont toutefois confié leur crainte de la poursuite de la présence de francs-tireurs dans la ville.
Échanges de tirs avec les jihadistes
Les islamistes armés, pilonnés par des frappes aériennes françaises, chassés quasiment sans combats des villes du Nord-Mali qu'ils occupaient depuis près de dix mois, multiplient depuis plusieurs jours les actions de guérilla. Les échanges de tirs entre soldats maliens et islamistes ont éclaté dimanche en début d'après-midi au coeur même de la ville, près du commissariat central, qui était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao.
L'attaque a été revendiquée par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois Gao et le Nord-Mali. « Les fidèles de Dieu ont attaqué avec succès aujourd'hui l'armée malienne, qui a laissé venir les ennemis de l'islam à Gao. Les combats vont continuer jusqu'à la victoire, grâce à la protection de Dieu. Les moujahidines sont dans la ville de Gao et y resteront », a déclaré à l'AFP Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao.
Il a aussi revendiqué l'attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche le check-point de Bouren. « Beaucoup d'islamistes » auraient été tués lors de ces combats, selon un officier de l'armée malienne. « Des islamistes se sont retranchés dans le commissariat. Quand des soldats maliens sont arrivés, ils leur ont tiré dessus.
Des renforts maliens sont arrivés, ils ont été pris à partie par des islamistes dissimulés dans les bâtiments alentours », a expliqué à l'AFP un témoin qui a assisté au déclenchement de l'attaque. « Après des échanges de tirs nourris, l'armée française est intervenue », a-t-il ajouté, affirmant avoir vu un cadavre, « probablement un civil tué par une balle perdue ». Une source de sécurité a évalué à « plusieurs dizaines » le nombre d'assaillants.
Danger
La fusillade a vidé les rues de Gao, contraignant les habitants à se terrer dans leurs maisons. L'armée française a indiqué avoir évacué une cinquantaine de journalistes du centre de Gao. Des détonations d'armes légère, de mitrailleuses lourdes et l'explosion de roquettes étaient nettement audibles depuis le centre-ville lors de l'attaque. Des militaires français patrouillaient au côté de soldats et gendarmes maliens, très nerveux, tandis qu'un hélicoptère français d'attaque Tigre survolait la zone. « Les effectifs islamistes infiltrés en ville ont été fortement réduits, il y a beaucoup d'islamistes tués », a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Mamadou Sanake, de l'armée malienne, sans pouvoir donner de bilan plus précis.
C'est la première fois que les islamistes organisent une attaque contre une ville récemment repassée sous le contrôle des soldats maliens et français. Gao, située à 1 200 km de Bamako, avait été reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a admis dimanche soir que la situation dans la ville de Gao n'était « pas totalement sécurisée », interrogé sur BFMTV. Il n'a pas exclu la possibilité de nouvelles incursions de groupes jihadistes, même s'il a assuré qu'ils ont « été frappés durement » depuis le début de l'intervention militaire française le 11 janvier.
« Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux, on peut se faire tirer dessus », a confié à l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, françaises et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont aussi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao.
Jeuneafrique