“Il faut que les hôpitaux aient leur site d’information, page Facebook...”
La présence des professionnels de la santé sur les réseaux sociaux s’est accentuée, depuis que la pandémie de la Covid-19 s’est installée. Si, pour certains, il s’agit d’un canal pour donner des avis personnels sur le traitement du virus, pour d’autres, c’est un moyen de communication avec leurs patients. ‘’EnQuête’’ s’est entretenu sur le sujet avec le docteur Mamadou Sy, Médecin généraliste et Président de l’association Docteur Nakamou dont la page Facebook du même nom est un groupe de soutien et d’information en matière de santé. Dans cette interview, le Dr Sy revient sur cette tendance, le débat contradictoire entre professionnels sur Internet, mais aussi la télémédecine.
On note que les professionnels de la santé utilisent, de plus en plus, les réseaux sociaux pour s’adresser aux populations sur des questions sanitaires. Quelle analyse faites-vous de cette tendance ?
L’utilisation des réseaux sociaux par les professionnels de la santé n’est pas quelque chose de nouveau. Il faut retenir qu’elle s’est juste accentuée durant la pandémie de Covid-19. Les questions de santé ont toujours été au cœur de la communication. Que cela soit à la télévision ou à la radio, le grand public a toujours porté un intérêt accru sur les questions de santé.
Donc, c’est tout naturellement que les professionnels de santé se sont tournés vers les réseaux sociaux. Maintenant, durant la pandémie, on a eu beaucoup d’informations qui, parfois, ont été conflictuelles dans tous les sens. Cependant, c’était une bonne opportunité aussi d’avoir des professionnels de la santé, disponibles, pour expliquer aux populations ce qui est important de faire et surtout comment comprendre ce flux d’informations reçues.
Cependant, les informations scientifiques sont souvent conflictuelles et la population peut se sentir un peu partagée. Or, au Sénégal, les gens n’avaient pas l’habitude de voir des professionnels de la santé donner, de part et d’autre, des avis différents sur un même sujet. Pourtant, l’information scientifique est source de divergences. Ce qu’on considère comme vrai aujourd’hui, peut ne pas l’être demain. Et nous, en tant que scientifiques, on est habitué à de telles contradictions. C’est pourquoi j’estime qu’il est important que les populations soient sensibilisées, en matière de science, afin qu’elles comprennent mieux comment cette discipline fonctionne.
Mais, d’une manière globale, c’est important d’avoir des professionnels de la santé qui communiquent. D’autant plus que c’est l’une des choses les plus reprochées aux médecins sénégalais.
Ce débat contradictoire entre professionnels de la santé a été beaucoup constaté sur le traitement de la Covid et aujourd’hui, avec les vaccins. A partir de là, de quel côté doit se situer la population ?
C’est très difficile, si on se met à la place de l’utilisateur. Parce que l’idée que les gens ont du médecin, c’est que tout ce qu’il dit est vrai. Maintenant, le fait de voir différentes personnes se contredirent et surtout s’ils s’agissent des autorités, peut pousser les utilisateurs au doute. On a vu des sommités de la science dire une chose et être contredites par d’autres personnes. Ce qui crée naturellement une confusion. Et comme je l’ai dit, dans le monde scientifique, toutes les décisions sont fruit de débats qui peuvent être parfois très houleux. C’est des théories qui, quand elles sont émises, doivent être fondées sur des preuves. Celles-ci peuvent être confortées ou enlevées par d’autres théories.
Maintenant, le grand public le voit et n’y est pas préparé. Alors, dans ce cadre-là, c’est important qu’on ait des autorités qui seront la dernière source à laquelle les gens peuvent se fier. C’est là que le ministère de la Santé, qui définit la politique de santé du pays, peut servir de référence ultime.
Par ailleurs, le conseil que je donne à tous les utilisateurs, c’est de bien s’informer, de savoir ce qui se passe. Mais, en fin de compte, la dernière information qu’il faut retenir, c’est celle du ministère de la Santé qui est en adéquation avec les choix et la politique sanitaire du pays où on vit.
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‘’On a, aujourd’hui, des gens qui sont informés et c’est quelque chose qui peut être positif, dans le sens où le traitement se fait ensemble. On n’impose plus un traitement à quelqu’un. On le convainc et on y travaille ensemble’’
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Au-delà des webinaires, des directs, l’information sanitaire devient de plus en plus accessible sur Internet via les sites spécialisés en santé, des forums, etc. Est-ce que ces informations sont fiables ?
Le monde virtuel est juste une réplication du monde réel. Cela s’est toujours passé ainsi. C’est de bouche à oreille. Et cela s’est répercuté au niveau virtuel. Et le monde virtuel a beaucoup plus de conséquences, car touchant un public beaucoup plus large. C’est une tendance naturelle que les gens ont de partager les traitements qu’ils ont eus, la maladie qu’ils ont, etc. En tant que professionnels de santé, c’est une donnée qu’il faudrait prendre en compte. Aujourd’hui, les patients avec qui nous interagissons sont très informés, parfois même plus que nous sur certaines pathologies en particulier. Par exemple, quelqu’un qui vit avec un diabète depuis 20 ans, peut en connaître beaucoup plus qu’un médecin qui vient juste d’avoir son diplôme. Parce qu’il vit avec la maladie, il a acquis beaucoup d’expériences. On a aujourd’hui des gens qui sont informés et c’est quelque chose qui peut être positif, dans le sens où le traitement se fait ensemble.
On n’impose plus un traitement à quelqu’un, on le convainc et on y travaille ensemble. Donc, cela peut améliorer l’adhésion au traitement. C’est quelque chose de positif. Cela peut permettre à mieux comprendre sa pathologie. Parce qu’entre personnes qui ont la même maladie, ils peuvent partager beaucoup plus d’informations. Maintenant, il faut qu’il y ait un facilitateur. Celui qui dira ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas et là, c’est le rôle du professionnel de la santé. Chaque pays a des guides sur comment on traite telle maladie, la politique du pays, etc. C’est nécessaire qu’on ait des autorités guides.
Aujourd’hui, ces guides sont là, sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, des pages du ministère de la Santé qui sont de plus en plus actives, ils font des webinaires, etc. C’est pour que les gens qui font face à un flux d’informations, en dernier recours, puissent savoir la politique du pays.
Il ne sert à rien d’avoir énormément d’informations et qu’elles ne s’appliquent pas du tout au pays où nous sommes. Il ne faut pas essayer de limiter ce phénomène, mais plutôt l’accompagner. C’est important que les autorités soient présentes pour donner des guide-lines. Ces dernières ne doivent pas seulement orienter les populations. Elles doivent aussi, aider les professionnels de la santé, qui sont formés à connaître les maladies.
Mais est-ce que ce flux d’informations ne peut pas pousser les gens à faire de l’automédication ?
L’automédication serait possible, si les médicaments sont disponibles. Maintenant, est-ce que c’est le cas ? Dans le meilleur des mondes, ce ne serait pas le cas. Le médicament s’achèterait au niveau de la pharmacie. Ce qui est possible, c’est que les gens s’échangent des médicaments et cela arrive très souvent et c’est ce qui n’est pas bien. Ou bien aussi, l’achat de médicaments dans des lieux qui ne sont pas autorisés. Or, c’est quelque chose qui se fait. Il faut qu’il y ait un bon encadrement par rapport aux médicaments, parce qu’il y a des médicaments qu’on peut acheter sans ordonnance. Mais que les autres qui nécessitent une prescription ne soient pas accessibles.
De l’autre côté, il y a aussi beaucoup de travail à faire par rapport à l’échange de médicaments entre les individus. Il faut éduquer les populations et continuer à les éduquer, rendre l’information et l’accès aux professionnels de la santé accessible. Ceci, pour que les gens puissent poser des questions à des professionnels de la santé. C’est un rôle qu’ils doivent jouer en ligne, mais il ne faut pas que les gens oublient que le rôle du médecin ou professionnel de la santé en ligne, c’est juste de donner des conseils. On a des postes de santé, des centres de santé, des hôpitaux. En tant que médecin, je reçois beaucoup de messages. Mais la réponse c’est : ‘’Va à l’hôpital.’’ Il faut aller à l’hôpital, car c’est ce qui est plus important. Dans beaucoup de cas, c’est l’absence du diagnostic qui cause le fait qu’on ait des complications. Il faut que l’accès aux médecins via les réseaux sociaux encouragent les gens à aller vers les postes et centres de santé, autant pour se traiter, mais aussi pour prévenir des maladies.
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‘’Il faut que les hôpitaux aient leur site d’informations, page Facebook où les spécialistes de la santé vont fournir des informations certifiées à leurs patients. Ce qui manque un peu’’
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Là aussi, il faut passer souvent toute une matinée au niveau des structures de santé pour une consultation. C’est pourquoi certains préfèrent aller sur des sites d’informations dédiés ou des forums pour y exposer leurs maux, afin de trouver des remèdes. Aujourd’hui, est-ce qu’il n’urge pas de renforcer le personnel de santé ?
C’est plus profond. Les gens ont souvent peur d’aller chez le médecin. Ils disent souvent qu’on ne peut pas aller chez le médecin sans pour autant en sortir avec une maladie. Et les gens ne veulent pas tomber malades. Quand on parle de maladie, ils pensent qu’il faut être alité pour être malade. Or, beaucoup de maladies commencent par des symptômes, des maux de tête, des douleurs à la poitrine, des incidents sanitaires qui ne sont pas majeurs chez des individus. Cela est en rapport avec l’éducation. Il faut qu’on continue à éduquer les gens. Peut-être, pour le plateau médical, avoir beaucoup plus de professionnels de la santé, c’est toujours important. Mais il faut peut-être développer plus le volet prévention et communication.
Malheureusement, on a beaucoup de gens qui, après consultation, ont beaucoup de questions qui restent en suspens et auxquelles le professionnel de la santé n’a pas pu répondre, parce qu’il n’a pas eu le temps.
Il peut avoir 50 à 100 personnes à consulter par jour. Là, il faut renforcer autant le nombre de professionnels de santé et aussi la communication. Il faut que les hôpitaux aient leur site d’informations, page Facebook où les spécialistes de la santé vont fournir des informations certifiées à leurs patients. Ce qui manque un peu. Les médecins sont présents sur les réseaux sociaux, il y a des forums, mais ce sont des individus qui ne représentent pas des autorités. Et l’avis d’un individu n’engage que lui. Ce n’est pas seulement parce qu’on est médecin que tout ce qu’on dit c’est quelque chose qu’il faut prendre noir sur blanc.
Mais est-ce que cette digitalisation ne va pas prendre du temps, sachant que la plupart des structures de santé, notamment dans le monde rural, n’ont même pas de service d’accueil ou de téléphone fixe ?
C’est quelque chose de relatif, car je ne pense pas que cela puisse prendre du temps. Ça dépend juste de l’intention et de la réalisation. Ce n’est pas le médecin qui va créer un site web pour sa structure de santé. Il y a d’autres personnes spécialisées en cela. Il suffit juste de savoir quelles sont les données qu’il faut prendre. Parce que si on va au fond d’un village de Fongolémy, les gens ont un portable, ils ont accès aux réseaux sociaux. Il faut savoir que la cible est différente. Tout le monde ne peut pas aller sur un site d’informations car, n’ayant pas tous un niveau d’éducation requis pour comprendre les messages véhiculés au niveau de ces sites. Chaque public doit pouvoir avoir le message qui lui est destiné. Beaucoup transfèrent des messages audio par WhatsApp.
Les hôpitaux peuvent réaliser des podcasts. Par exemple, l’hôpital Fann peut avoir son podcast sur la neurologie et, chaque semaine, développer un thème sur cette pathologie et le partager. Et les gens peuvent aussi le relayer via WhatsApp. Et ils auront une information qui est fiable, provenant de l’hôpital Fann et qui est validée. Cela va aider, non seulement les personnes qui souffrent de problèmes neurologiques, mais aussi ceux qui ont besoin de s’informer pour mieux s’éduquer. Ce n’est pas du tout compliqué de faire un podcast, d’avoir une page Facebook, un site web. Maintenant, quand on décide de le faire, il faut juste embaucher des gens.
Pendant très longtemps, on a utilisé les réseaux sociaux comme des moyens de divertissement. Or, ils sont aussi des moyens d’éducation, des espaces d’expression, de connexion qui peuvent être utilisés dans le volet scientifique et médical pour résoudre des problèmes de santé. Cela ne demande pas de moyens énormes. Cela demande juste une décision, une vocation, l’intégration de données numériques qui sont là et qui ne demandent qu’à être intégrées dans le quotidien de notre exercice de la santé. Si on ne le fait pas, l’espace va être occupé par d’autres personnes. Les gens vont écouter d’autres podcasts, audios, qui ne sont pas certifiés. Ce sont des informations qui vont venir compliquer la pratique médicale et le traitement des maladies.
Comment peut-on arriver à encadrer cette technologie pour éviter tout dérapage, surtout pour la transmission de l’information sanitaire ?
Sur les réseaux sociaux, chacun est libre de créer son profil, de dire ce qu’il n’est pas, ce qu’il est. On peut essayer de contrôler ce qui se fait au Sénégal. Mais les gens ne cherchent pas uniquement des informations sur des sites sénégalais. Ils le cherchent partout. Les Sénégalais ne sont pas uniquement établis dans leur pays, ils sont partout. Je pense que ce serait difficile de les contrôler. Cependant, ce serait beaucoup plus facile d’encadrer. Pour y arriver, cela nécessite des ressources. Si on vit au Sénégal, qu’on a des problèmes neurologiques, si on a besoin d’informations sur cette pathologie et que l’hôpital Fann a un site d’informations ou forum où on peut les trouver, avec des modérateurs ou encadreurs qui connaissent ces questions de santé, on n’ira nulle part. On ne visitera pas un site français.
Les données numériques sont une opportunité à intégrer. Ce qu’il faut, c’est des références. Il faut savoir aussi que le médecin n’est pas un professionnel de la communication et quand il s’exerce dans la communication, il peut faire des erreurs. Au niveau de la communication, également, on ne dit pas tout, de la manière dont on veut. Il faut faire une formation professionnelle dans les deux domaines. Autrement dit, le professionnel de la santé doit être formé par rapport à l’usage du digital, la communication médiatique et que les spécialistes de la communication soient formés en santé par rapport aux bilans médicaux qu’on utilise, les résultats des laboratoires. Qu’ils comprennent pourquoi il y a un débat contradictoire entre les professionnels de santé. C’est également important d’avoir un espace uniquement pour les professionnels de la santé. Où, ils vont avoir des discussions entre eux qui ne seront pas accessibles au grand public.
Parfois, les messages diffusés entre médecins se retrouvent en dehors de ces cercles et atterrissent dans les médias…
C’est là encore qu’il y a la nécessité d’avoir des plateformes exclusives pour les professionnels de la santé. Ils ont besoin de communiquer entre eux sur des questions de santé, mais aussi, parfois juste de se lâcher, de dire des choses, juste pour se relaxer et qui ne seront pas accessibles au grand public. Maintenant, il faut faire en sorte que l’option de partager ces informations avec le grand-public ne soit pas disponible. Après, il faut également beaucoup d’éducation. Parce que les questions de santé sont très sensibles. Parfois, j’ai l’impression que les gens cherchent du buzz. Je ne sais pas d’où cela vient, mais il y a beaucoup de sensationnel. Or, l’information médicale a besoin d’être éducative et informative. Ce qu’on veut, c’est pouvoir expliquer en des termes simples, accessibles, réels et adaptés l’information sanitaire. Il faut tous, que nous puissions soutenir l’effort de la politique de santé de notre pays. C’est ce qui permet d’avoir une meilleure adhésion au traitement. Ce qu’on veut, ce n’est pas de nuire, mais de préserver la santé de nos populations.
Dans les pays développés, on parle de télémédecine. Est-ce qu’au Sénégal, ce concept est devenu une réalité ?
Il y avait le projet Sahel qui était initié au Kenya et qui devait être réalisé au Sénégal. L’idée, c’était de connecter les zones difficiles d’accès. J’ai eu l’opportunité de travailler pour Kenkéliba, un des partenaires du projet Sahel, dans la zone de Wassadou, dans la région de Tambacounda, vers Kédougou. Ce sont des localités très reculées où, parfois, quand il y a la crue de la rivière, on ne peut pas avoir accès à certains villages. Ces zones sont dépourvues de tout. Il n’y a pas assez de professionnels de la santé. C’est très rare d’y voir un médecin. Il n’y a pas d’équipements ou, très souvent, quand il y a des équipements, il n’y a pas de professionnels de la santé pour pouvoir traduire les informations qu’on a. L’idée de la télémédecine, avec le projet Sahel, était de pouvoir faire en sorte que si un infirmier fait un électrocardiogramme (ECG), qu’un cardiologue qui est à Dakar puisse voir le résultat, faire l’interprétation et donner la prescription. Donc, le malade n’aura pas besoin de quitter Tamba pour Dakar pour faire cet examen. Il y avait beaucoup d’enthousiasme au début du projet.
Mais je ne sais pas ce qui s’est passé. Je n’ai pas eu d’information par rapport aux dernières évolutions. Mais au niveau du ministère de la Santé, il y avait une cellule responsable de la télémédecine. Maintenant, je ne sais pas quelle est la concrétisation. Ce qui est sûr, c’est que, déjà en 2010, il y avait une phase test qui était lancée (NDLR : ‘’EnQuête’’ a contacté le service de communication du ministère de la Santé et de l'Action sociale pour avoir plus d'informations sur cette cellule en charge de la télémédecine. Mais on nous a dit qu'elle n'existe plus). Cependant, dans le privé, la télémédecine se fait. Durant la Covid, il y a beaucoup de médecins qui, naturellement, pour se protéger de certains cas, ont recouru au digital, invitant leurs patients en faire des consultations en ligne via des vidéos, WhatsApp, etc. Ces communications aussi, c’est de la télémédecine. L’idéal, c’est d’avoir des équipements pour pouvoir mesurer la tension artérielle, la température, etc.
L’usage de robots dans la médecine n’est-ce pas de la télémédecine ?
Oui. Tout cela, c’est de la télémédecine. C’est l’usage des outils de télécommunication en médecine. Le fait d’avoir quelqu’un en appel vidéo qui nous conseille, c’est de la télémédecine ; de même qu’avoir une consultation vidéo. Maintenant, ceci n’est pas assez. Parce qu’avec les outils de télécommunication, on ne peut que donner des conseils, des orientations. C’est impossible de substituer l’interaction humaine au numérique, mais cela peut permettre de faire le tri et de pouvoir régler des cas là où ils sont, pouvoir orienter des cas qui sont beaucoup plus urgents vers des professionnels de santé. En tant que praticien, l’une des choses que j’ai retenue, en travaillant dans des hôpitaux au Sénégal, c’est qu'il y a un problème de tri. Les gens ne savent pas, par rapport à ce qu’ils ont, s’ils doivent aller au niveau du poste de santé, du centre ou bien de l’hôpital. Ils s’orientent vers telle ou telle structure par rapport à leurs moyens financiers.
Alors que ces différentes structures ne sont pas là par rapport aux moyens financiers des individus. C’est par rapport à ce que présente l’individu. Le plateau médical est différent. Quelqu’un qui a une blessure, parce qu’il a marché sur une bouteille, le poste de santé peut résoudre son problème. Il n’a pas besoin d’aller à l’hôpital. La pyramide sanitaire doit être mieux expliquée aux gens pour qu’on ne se retrouve pas à l’hôpital avec de très longues queues de 100 personnes et que sur ces derniers, il n’y a que peut-être les 60 qui ont besoin d’être là-bas. C’est un travail à faire par rapport à l’urgence sanitaire. Mais aussi, faire de sorte que le confort qu’il cherche à l’hôpital, qu’il puisse le trouver au niveau du centre ou poste de santé.
Un poste de santé ne veut pas dire que cela doit être une structure avec un niveau d’équipement pauvre, sale, pas de lits corrects. Cela ne doit pas être : plus on monte de niveau, plus c’est beau, plus c’est propre. Non, toutes les structures de santé doivent être au même niveau de propreté. Maintenant, le plateau médical est différent, parce que ce qu’on y traite est différent. Les individus doivent avoir confiance aux structures qui sont près d’eux. Qu’ils ne laissent pas un poste de santé qui est dans le quartier pour se rendre dans un hôpital qui est à deux heures de chez eux, alors que leur problème pourrait être résolu au niveau de ce poste. Et intégrer le volet numérique permettrait de faciliter tout ce travail.
MARIAMA DIÉMÉ & ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)