Des armes blanches saisies et des enseignants filmés à leur insu
Les écoles de la commune de Kolda sont en proie à l’insécurité. Certains élèves, en possession d’armes blanches, sont interpelés par les enseignants. Tandis que d’autres filment leurs professeurs à leur insu. Des vidéos ou photos utilisées à des fins inconnues. Pour parer à cette situation, les acteurs de l’éducation appellent à la vigilance.
L'école est par excellence un lieu d'éducation et de formation pour les apprenants que sont les élèves et les étudiants. Mais depuis quelque temps, les écoles sont en train de perdre cette réputation de temple du savoir, dans le Fouladou, pour devenir des lieux de violence et de banditisme. La faute à certains élèves.
En ce vendredi 17 février, il est 10 h passées de quelques minutes. Nous sommes au CEM du quartier Saré Moussa de la commune de Kolda. Ici, l’insécurité prend des proportions inquiétantes, en cette année scolaire. Des élèves ont été surpris dans l’enceinte de l’établissement en possession d’armes blanches par des professeurs. ‘’En toute sincérité, l’insécurité est devenue une réalité dans notre établissement. Nous avons pris en flagrant délit des élèves qui avaient par-devers eux des couteaux, des matraques, des ciseaux, des lames, etc. D’ailleurs, avant-hier, on faisait des devoirs, un élève n’a pas hésité à prendre sa copie et y mettre des insultes à l’endroit de son professeur’’, explique Younoussa Sall.
Le professeur de mathématiques et de SVT, par ailleurs adjoint au principal, ajoute qu’il y a pire, parfois. ‘’D’autres élèves s’adonnent à la détention et à l’usage de la drogue, comme le chanvre indien. Et ce qu’on rencontre et qui est le plus décourageant, c’est quand un élève commence à faire du mal et que tu convoques ses parents. Ils sont les premiers à le couvrir. Ils refusent carrément de reconnaître qu’un des leurs a un mauvais comportement’’.
L’éducateur lance un appel aux parents. Il leur demande d’accepter de collaborer avec les enseignants, lorsqu’ils sont convoqués à l’école pour des faits commis par leurs enfants. Ils doivent accepter et contribuer à la correction de l’enfant fautif, dit-il.
Après le CEM de Saré Moussa, cap sur le lycée Alpha Molo Baldé où des élèves filment des professeurs en plein cours, à leur insu.
Des professeurs filmés par des élèves
À l’ère du libre accès aux nouvelles technologies numériques, les élèves font parfois mauvais usage de leurs smartphones. Il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait un scandale. Des esclandres qui touchent tous les pans de la société.
Au lycée Alpha Molo Baldé, un des éducateurs a payé les frais des réseaux sociaux. Certains élèves n’ont pas hésité à le filmer dans l’enceinte de l’établissement. Et d’autres professeurs ont été également filmés en plein cours, à leur insu. Suffisant pour que le proviseur du lycée Alpha Molo Baldé appelle à la vigilance. ‘’Dans des salles de classe, il arrive que certains professeurs confisquent des téléphones portables et viennent nous les remettre, parce que les élèves les filment. Ce qui est grave. Comment un professeur, qui fait son cours, un élève se permet de le filmer ? Et quelle utilisation il va faire de ce film-là ? Notre grande crainte, notre grande peur, c’est que nous savons tous qu’on peut manipuler les images ou les vidéos à d’autres fins qui peuvent ternir l’image de l’individu. Nous ne pouvons pas interdire l’utilisation du téléphone portable ici au lycée Alpha Molo Baldé. Mais j’invite tout le monde de renouveler de vigilance’’, se désole Ibrahima Coulibaly.
L'éducation est au bord du gouffre
Ce qui se passe à Kolda est valable partout dans les écoles du pays, selon certains éducateurs. C’est dire qu’au Sénégal, la violence en milieu scolaire prend une tournure inquiétante dans plusieurs établissements scolaires, ces derniers jours. Cette pratique immorale est très souvent due aux mauvaises fréquentations et au manque de suivi des enfants et des adolescents.
L'image de l'école est ainsi, de plus en plus, ternie par l'attitude désinvolte et inconsidérée de certains apprenants, avec la complicité des parents qui ont démissionné de leur mission d’éducation de leur progéniture. Le personnel enseignant se retrouve démuni, devant certains comportements et attend de la tutelle des mesures hardies pour freiner le phénomène, avant que l’irréparable ne se produise.
NFALY MANSALY