Publié le 24 Mar 2023 - 23:39
DÉNONCIATION DES CAS DE VIOL DANS LES FAMILLES

Le plan de guerre de l'AJS

 

Pour amener les citoyens à dénoncer les viols dans les maisons, l'AJS va mettre sur pied un certain nombre d'actions.

 

Hier, lors de l'atelier de lancement officiel du projet "Contribuer à l'éradication des violences sexuelles par la sensibilisation, la vulgarisation et l'application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie en zone urbaine et périurbaine dans les régions de Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis et Tambacounda", la présidente de l'Association des juristes sénégalaises (AJS) a confié qu’elles cherchent à mener des actions de vulgarisation-sensibilisation de la loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie auprès des communautés, axées sur le changement de comportement, afin de susciter chez elles une prise de conscience et les inciter à devenir porteurs de changement.

Le projet vise aussi à améliorer l’accès des victimes de violences sexuelles aux services juridico-judiciaires et de réinsertion socioéconomique à travers des intervenants du milieu et à mobiliser les communautés, la société civile et les décideurs, chacun à leur niveau, pour créer une synergie d’actions contre les violences sexuelles et ainsi assurer le plaidoyer auprès des autorités et acteurs concernés pour le respect des textes, normes et engagements nationaux et internationaux en faveur des victimes et le suivi de leur mise en application effective.

"Il aura un impact certain sur les communautés, les survivantes de violences sexuelles et victimes potentielles, les médias, les étudiants, les officiers de police judiciaire (OPJ), les décideurs, les acteurs judiciaires. Ces cibles ont des intérêts propres et peuvent s’intégrer à l’action. Elles font aussi face à des contraintes. Le choix des zones d’intervention comme Dakar, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis et Tambacounda se justifie par les réalités socioculturelles de la zone choisie et les statistiques des boutiques de droit qui, en 2021, présentent 2 266 cas de violence répartis dans toutes les régions du Sénégal. Celles qui détiennent les taux les plus élevés sont Dakar (67 %), Thiès (0,089 %), Kaolack (0,08 %) et 0,04 % à Louga et à Kolda. Les violences sexuelles constituent des formes graves d'atteinte à l'intégrité des personnes dont les principales victimes sont les femmes et les enfants’’, insiste Aby Diallo.

Selon qui, l'État du Sénégal a mis en place une législation pénale durcie avec la criminalisation du viol et de la pédophilie avec la loi 2020-05 du 10 janvier 2020, modifiant la loi 65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal.

‘’Toutefois, ajoute-t-elle, la persistance et la récurrence de ces infractions sont notées, malgré la mise en œuvre des sanctions renforcées. Dans l'optique d'une vulgarisation de cette loi pour une meilleure application et d'un renforcement de la protection des catégories vulnérables, l'AJS a organisé cet un atelier de lancement officiel du projet".

Des procédures de trois ans, c’est long pour les victimes de viol

En effet, le commissaire Diallo souligne que le viol est un crime répandu, mais qui n'est pas suffisamment réprimé, ni dénoncé. Maintenant, leur objectif est de faire en sorte que la dénonciation soit générale. Que tout le monde accepte qu'il faille dénoncer les auteurs qui sont dans les familles. "Après trois ans d'application de cette loi, on ne peut pas avoir une appréciation correcte, d'autant plus que le temps de la justice n'est pas celui du justiciable. Les procédures sont un peu longues. Il y a des possibilités à ce qu'elles soient écourtées. C'est cela qui arrange la victime. Un jugement de plus de trois ans n'arrange pas une victime de viol. Avec leur plaie, ce qu'il faut, c'est de leur rendre justice le plus rapidement possible. Ce qui lui permettra de se ressaisir et de reprendre la vie dans la société. C'est la seule chose qui peut l'apaiser", souligne-t-elle.

La présidente de l’AJS rappelle que l'année 2019 a été marquée par un bilan assez alarmant des cas de viol suivis parfois de meurtres. Cette série d’agressions à caractère sexuel commises sur des femmes et des filles avait heurté la sensibilité de toute la communauté. Face à cette situation, les organisations de la société civile se sont réunies autour du collectif, afin d’exiger que le viol soit puni sévèrement, d’autant plus que même le vol du bétail est criminalisé au Sénégal.

"Le plaidoyer du collectif reposait de façon explicite sur l’adoption d’une loi criminalisant le viol et la pédophilie. Le président de la République a manifesté son entière adhésion à cette noble cause. C’est ainsi que le ministère de la Justice a été instruit d’élaborer un projet de loi visant à criminaliser le viol et la pédophilie. Le projet a été adopté, lors de la réunion du Conseil des ministres du 27 novembre 2019.

Il s’en est suivi son adoption à l’unanimité, le 30 décembre 2019, par l’Assemblée nationale. Ce texte, modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal, vise notamment à durcir la répression du viol et de la pédophilie, avec des sanctions pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. En plus des innovations apportées par la loi de 29 janvier 1999 modifiant quelques dispositions du Code pénal, la loi 2020-05 du 10 janvier 2020 criminalisant le viol et la pédophilie, constitue une avancée majeure dans la protection des droits des femmes et des enfants au Sénégal", rappelle la patronne de l'AJS.

CHEIKH THIAM

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