Plusieurs mois de négociations secrètes entre Washington et Téhéran
De haut responsables américains et iraniens ont mené pendant plusieurs mois des discussions bilatérales secrètes qui ont joué un rôle important dans l'accord préliminaire sur le nucléaire iranien conclu dans la nuit de samedi à dimanche, selon l'Associated Press, dimanche 24 novembre, citant des responsables américains.
Ce n'est qu'après le coup de fil historique entre le président iranien nouvellement élu et Barack Obama, fin septembre, que les Etats-Unis ont informé leurs alliés, les autres membres du P5+1 et Israël, de l'existence de réunions secrètes tenues pendant l'été, raconte l'agence AP.
Des contacts depuis huit mois
Mais les contacts secrets entre les deux pays, qui ont rompu leurs relations diplomatiques après la révolution islamique de 1979, ont débuté il y a huit mois.
A la mi-mars, un avion militaire américain atterrit dans le sultanat d'Oman, un partenaire privilégié des minces contacts entre l'Iran et les Etats-Unis depuis qu'il a servi d'intermédiaire pour la libération de trois randonneurs détenus en Iran depuis 2009. A son bord, le numéro deux du département d'Etat, William Burns, le principal conseiller diplomatique de Joe Biden, Jake Sullivan et une équipe resserrée d'experts techniques. Ils viennent pour rencontrer des négociateurs Iraniens, que les sources américaines interrogées par l'agence AP décrivent comme des experts et des diplomates susceptibles de conserver un rôle de premier plan dans le secteur du nucléaire après les élections de juin
Un nouvel élan après l'élection
Le but de cette première rencontre est modeste : discuter de l'éventualité d'une discussion bilatérale portant sur le nucléaire. Sur ces bases, l'élection de Hassan Rohani donne un véritable coup de fouet à ces discussions, selon plusieurs sources américaines.
Quatre réunions ont été organisées après la prise de fonction du nouveau président en août, puis deux nouvelles en octobre. Ces discussions de haut-niveau, auxquelles étaient présents Jake Sullivan et William Burns – rejoints lors de la dernière réunion, toujours selon AP, par la négociatrice des Etats-Unis sur le nucléaire, Wendy Sherman – se sont tenues dans le sultanat d'Oman et à d'autres endroits que les sources de AP n'ont pas voulu préciser.
Trois officiels au sein de l'administration américaine ont affirmé à l'agence AP que ce sont ces négociations secrètes qui ont posé les fondations de l'accord obtenu dans la nuit.
Un responsable américain a confirmé auprès de l'AFP l'existence des réunions de l'été, organisées après l'élection de Hassan Rohani, tout en assurant qu'elles étaient "limitées" et qu'elles n'avaient pas pour objectif de court-circuiter le canal diplomatique officiel : "Les Etats-Unis ont toujours clairement dit que le P5+1 était le canal approprié pour les négociations avec l'Iran afin de parvenir à un accord sur le dossier nucléaire. (...) Toute discussion bilatérale que nous avons avec les Iraniens est destinée à renforcer les négociations au sein du P5+1.
Lemonde.fr
Ce que prévoit l'accord de Genève L'accord obtenu dans la nuit de samedi à dimanche n'est que préliminaire et devra déboucher dans six mois sur un accord définitif. La Maison Blanche a diffusé un document permettant d'y voir plus clair sur ce que contient réellement cet accord. L'Iran s'est engagé à une profonde révision de son programme nucléaire et se soumettra à des inspections internationales plus poussées pendant six mois : cesser tout enrichissement d'uranium "à plus de 5 % et de démanteler les processus techniques nécessaires pour enrichir à plus de 5 %" ; neutraliser "son stock d'uranium enrichi à près de 20% en le diluant" ; arrêter la construction de toute nouvelle centrifugeuse à uranium. Le pays a cependant le droit de remplacer les centrifugeuses déjà existantes ; interrompre les travaux menant à la mise en marche d'un réacteur dans l'usine d'Arak ainsi que la production de combustible à destination de cette centrale, deux points particulièrement défendus par la France ; renoncer à construire une "usine capable (...) d'extraire du plutonium à partir du combustible usagé" ; permettre un "accès quotidien de ses sites de Natanz et Fordow à des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)" ainsi qu'à ses usines de fabrication de centrifugeuses et aux mines d'uranium. L'Iran devra également communiquer des données sur le fonctionnement du réacteur d'Arak, toujours selon la Maison Blanche. Les contreparties En contrepartie, les pays négociateurs vont consentir à un allègement des sanctions "limité, temporaire, ciblé et qui pourra être annulé", équivalant à environ sept milliards de dollars, ce qui ne représente qu'une fraction du coût total des sanctions pour l'Iran. |