Les Etats-Unis s'inquiètent d'une poussée de tension entre les deux Soudans
La tension monte dangereusement à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud et a récemment donné lieu à des affrontements qui risquent de dégénérer, a prévenu vendredi l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum.
Les affrontements ont eu lieu à la limite entre les régions du Nil bleu (Soudan) et du Haut Nil (Soudan du Sud), dans une zone dont les autorités soudanaises restreignent fortement l'accès et où la frontière, contestée, n'a pas encore été précisément délimitée depuis la partition de juillet 2011. L'ambassade, qui souligne la "profonde inquiétude" de Washington, fait état d'informations "sur des hélicoptères soudanais se rendant au Soudan du Sud et sur un bombardement de troupes sud-soudanaises par l'artillerie soudanaise". "De plus, nous sommes aussi très inquiets de l'augmentation de la rhétorique négative, qui avec ces informations sur des affrontements provoque une dangereuse augmentation de la tension le long de la frontière non délimitée", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
L'ambassade précise n'avoir relevé aucun signe de "regroupement offensif" d'un côté ou de l'autre, mais s'inquiète de voir la tension "mener à une confrontation accidentelle qui pourrait rapidement dégénérer". Les autorités locales et l'armée sud-soudanaise ont fait état jeudi de bombardements soudanais contre les localités de Dar et Jau, dans la région sud-soudanaise d'Unité, a rapporté vendredi à la presse Hilde Johnson, chef de la mission de l'ONU au Soudan du Sud, qui n'était pas en mesure de confirmer directement les faits dans cette zone disputée. Plus à l'ouest, l'armée soudanaise a affirmé cette semaine que des "forces rebelles" venues du Soudan du Sud s'étaient infiltrées au Darfour via la République centrafricaine.
Vendredi, le président soudanais Omar el-Béchir a déclaré que son pays ne cèderait pas aux pressions internationales cherchant à "pousser le Soudan à modifier sa position au profit du gouvernement sud-soudanais", selon l'agence officielle Suna. Les deux Soudans ne parviennent pas à s'accorder sur un partage des revenus pétroliers et sur certaines zones disputées, et s'accusent mutuellement de soutenir des rebelles de l'autre côté de la frontière. Ces tensions ont déjà dégénéré en combats en mars et avril 2012 dans la zone pétrolifère contestée de Heglig.
Les deux pays ont signé en septembre une série d'accords pour établir une zone tampon le long de la frontière et relancer la production pétrolière. Mais ces accords ne sont toujours pas appliqués, essentiellement à cause de la rébellion que Khartoum accuse Juba de soutenir au Nil bleu et au Kordofan-Sud, deux régions frontalières en proie à des combats depuis juin 2011.
Jeuneafrique