Publié le 21 Jan 2013 - 17:37
COTE D'IVOIRE

Charles Blé Goudé, l'heure des comptes

 

Arrêté au Ghana jeudi 17 janvier, Charles Blé Goudé a été transféré en Côte d’Ivoire où il est détenu depuis vendredi. La question de son éventuel transfèrement devant la Cour pénale internationale (CPI) reste entière.

 

« À l'occasion d'une opération policière conjointe de la Côte d'Ivoire et du Ghana, M. Charles Blé Goudé a été appréhendé, le jeudi 17 janvier 2013. Il est actuellement détenu en Côte d'Ivoire par les services de la police ivoirienne, dans le cadre de la poursuite des procédures judiciaires déjà ouvertes contre lui en Côte d'Ivoire ». Un bref communiqué officiel, lu vendredi soir à la télévision publique : c'est l’unique déclaration du gouvernement ivoirien concernant l’arrestation du leader des Jeunes patriotes.

 

Moins de 24 heures après son arrestation au Ghana, Charles Blé Goudé a été extradé en Côte d’Ivoire, vingt mois après son exfiltration d'Abidjan juste avant la chute de Laurent Gbagbo. Cueilli jeudi vers 9 heures par la police dans une maison de Tema (banlieue d'Accra), il avait été transféré dans les locaux du Bureau national des investigations (BNI). Ses proches avaient alors donné l'alerte, et tous ses soutiens, de Jerry Rawlings, l'ex-président ghanéen, aux chefs d'État d'Afrique du Sud, d'Angola, du Cap-Vert ou de Gambie, ont été informés.

 

Surprise

 

Cette arrestation a surpris. Même si les autorités ghanéennes et les services étrangers savaient que Blé Goudé résidait au Ghana et qu'un mandat d'arrêt ivoirien avait été émis, elle n'était pas à l'ordre du jour. L'ex-« général de la rue » était même en pourparlers avec le président sénégalais Macky Sall - agissant à la demande d'Alassane Ouattara - afin de négocier sa participation à la réconciliation nationale et un éventuel retour au pays. Le matin de son interpellation, ses camarades à Abidjan étaient en réunion avec Mamadou Touré, le conseiller à la Jeunesse du chef de l'État. Blé Goudé avait lancé en décembre un parti politique, le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (Cojep). Il avait aussi entrepris une offensive diplomatique et rencontrait des dirigeants africains dans la sous-région.

 

 

Extradé en Côte d'Ivoire, Charles Blé Goudé peut-il être jugé devant la Cour pénale internationale (CPI), dont on ignorait encore lundi si elle avait demandé son transfèrement à la Haye ? « Le procureur m’a écrit, refusant d’infirmer ou de confirmer cette information », a déclaré son avocat, Me Nick Kaufman dans un communiqué daté du 19 janvier. « La CPI le soupçonne d'avoir commis, comme Laurent Gbagbo, des crimes contre l'humanité lors des violences postélectorales », avait-il expliqué.

 

Terreur

 

« Pendant près d'une décennie, les miliciens et patriotes de Blé Goudé ont terrorisé les Ivoiriens du Nord et les immigrés ouest-africains en perpétrant des violences selon des critères ethniques et politiques », a déclaré Corinne Dufka, de l'ONG Human Rights Watch. Et de citer un discours télévisé du 25 février 2011 où Blé Goudé appelait ses partisans à ériger des barrages et à dénoncer les étrangers. Des accusations réfutées par ses proches. « Il s'est toujours inscrit dans une démarche de réconciliation, indique Patrice Kouté, représentant européen du Cojep. En 2006, il a demandé à ce que l'on ne perturbe pas les audiences foraines [juridictions hors les murs, NDLR]. Un an plus tard, il a invité les rebelles dans son village. Il est aussi à l'origine des caravanes pour la paix. »

 

Ancien leader estudiantin, Blé Goudé est devenu célèbre en novembre 2004 à la suite de la destruction de la flotte aérienne ivoirienne par l'armée française. « Si vous êtes en train de manger, arrêtez-vous. Si vous dormez, réveillez-vous, avait-il lancé à la télévision nationale. L'heure est venue de choisir entre mourir dans la honte ou dans la dignité. »

 

S'ensuivirent des manifestations violentes qui lui vaudront une interdiction onusienne de voyage et le gel de ses avoirs. Très impliqué dans les actions de réconciliation après la signature de l'accord politique de Ouagadougou en 2007, il s'est engagé corps et âme dans la campagne présidentielle. Pour poursuivre la lutte, Gbagbo le nommera ministre de la Jeunesse en décembre 2010.

 

 

 

j.a

Section: 
USA-AFRIQUE : Les nouveaux termes de l’échange
BABA AIDARA, JOURNALISTE : ‘’Wade avait obtenu le premier Compact, Macky le second, Diomaye…’’
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT : Le Sénégal Partage son Expérience en Financement Social
A Madrid : Un troisième sommet Afrique-Espagne pour continuer d'amplifier les échanges commerciaux
USA : Les Brics expriment leurs «sérieuses préoccupations» face aux droits de douane de Trump
AFGHANISTAN – UN RECORD DE 256 000 MIGRANTS REVENUS D’IRAN : L’OIM alerte sur une crise humanitaire et un grave déficit de financement
DONALD TRUMP CONVOQUE UN MINI-SOMMET AFRIQUE-USA À WASHINGTON : Enjeux minéraux, sécurité et diplomatie ciblée
ATTAQUES DU 1ER JUILLET : Bamako pointe des “sponsors étatiques” sans preuve  
MALI : Attaques jihadistes massives aux portes du Sénégal, une alerte ignorée ?
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais