Le pouvoir demande de disperser les sit-in des Frères musulmans
Le gouvernement égyptien a déclaré mercredi 31 juillet qu'il considérait les sit-in organisés par les Frères musulmans comme une menace pour la sécurité nationale et a annoncé qu'il allait intervenir pour y mettre fin. Les islamistes ont aussitôt appelé à poursuivre la mobilisation de rue.
"La poursuite de situations dangereuses sur les places Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) et Al-Nahda (près de l'université du Caire), le terrorisme qui en découle ainsi que les rues bloquées ne sont plus acceptables", a déclaré dans un communiqué le gouvernement, qui a demandé au ministre de l'intérieur de faire tout le nécessaire pour y remédier dans le cadre de la loi.
Les Frères musulmans, mouvement auquel appartient Mohamed Morsi, observent des sit-in en plusieurs endroits du Caire et ont fait savoir qu'ils resteraient sur place jusqu'à ce que le président déposé le 3 juillet par l'armée et placé en détention soit rétabli dans ses fonctions. La mobilisation du camp pro-Morsi a toutefois semblé marquer le pas mardi : quelques milliers de personnes seulement ont défilé alors que les islamistes appelaient à une marche d'"un million" de personnes.
Trois cadres des Frères musulmans traduits en justice
Au lendemain de l'appel du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, "à la libération des prisonniers politiques, y compris celle de l'ancien président Morsi", les autorités égyptiennes ont annoncé la traduction en justice de Mohammed Badie, guide suprême des Frères musulmans, et de deux autres cadres de la confrérie pour incitation à la violence. Le guide des Frères musulmans sera jugé pour "incitation au meurtre".
Ballet diplomatique en vue d'un compromis
Les efforts diplomatiques se sont intensifié mercredi pour sortir l'Egypte de l'impasse politique et éviter toute nouvelle violence. A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, les appels se multiplient à mener une transition incluant toutes les parties, notamment les Frères musulmans.
Au lendemain du départ de la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, qui a été la première personnalité à rencontrer M. Morsi, l'envoyé spécial de l'Europe au Moyen-Orient, Bernardino León, était attendu au Caire pour poursuivre les efforts de médiation de Mme Ashton. Le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle devait lui aussi arriver au Caire pour réclamer un "retour rapide à la démocratie" au gouvernement intérimaire.
Le président américain Barack Obama va, quant à lui, dépêcher la semaine prochaine deux influents sénateurs, Lindsey Graham et John McCain, au Caire pour presser l'armée d'organiser des élections générales et accélerer un retour au pouvoir civil.
Une délégation de l'Union africaine rencontre Morsi
Une délégation de l'Union africaine (UA) a rencontré le président déchu, gardé dans un lieu tenu secret par l'armée depuis sa destitution, a annoncé l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, chef de la délégation de l'organisation panafricaine qui a suspendu l'Egypte de ses travaux après la déposition de M. Morsi.
Les nouvelles autorités égyptiennes avaient lancé une offensive diplomatique en direction de l'UA pour la convaincre que le renversement de M. Morsi n'était pas un "coup d'Etat" et lui demander de revenir sur sa décision de la suspendre. Le Caire avait notamment réclamé l'envoi d'experts en Egypte. Mais l'UA a pour politique de suspendre tout Etat membre où se produit un "changement inconstitutionnel de pouvoir", généralement jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel.
LEMONDE.FR