Les scandales pourraient plomber le second mandat d'Obama
Barack Obama vient de découvrir ce qui arrive aux chefs d'Etat lorsqu'ils sont publiquement rattrapés par des effluves de scandales politico-financiers: il doivent y répondre sur le champ, au détriment de tout le reste.
Le président américain n'a pas échappé à cette règle lundi, puisqu'il a dû consacrer une grande partie de sa conférence de presse avec le Premier ministre britannique David Cameron aux questions sur l'élargissement de l'enquête sur l'attaque du consulat américain à Benghazi et sur les soupçons selon lesquels l'IRS, l'administration chargée des impôts, aurait visé spécifiquement des groupes conservateurs comme le Tea Party. L'annonce par l'agence Associated Press que les autorités américaines auraient secrètement surveillé les téléphones de plusieurs de ses journalistes en 2012 a achevé de placer l'administration Obama sur la défensive, faisant craindre à certains démocrates un second mandat gâché, comme celui de Bill Clinton l'avait été par l'affaire Monica Lewinsky.
"Le scandale de l'IRS arrive au plus mauvais moment pour le président et le programme démocrate", souligne Sarah Binder, de l'université George Washington. "L'enjeu des prochaines semaines et mois, pour Obama et les démocrates, sera de maintenir l'attention de l'opinion publique sur leurs objectifs politiques alors que les républicains et les médias se concentreront sur les scandales." Le dossier de l'IRS est particulièrement sensible, car il risque de fournir de nouveaux arguments aux Américains qui accusent l'Etat de chercher à porter atteinte à leurs libertés individuelles garanties par la Constitution, comme le lobby des armes à feu ou les opposants à la "nationalisation" du système de sécurité sociale, deux dossiers sur lesquels Barack Obama joue une partie de sa crédibilité.
Les réseaux sociaux compliquent tout
Même si l'IRS est un organisme indépendant, tout mauvais agissement de sa part rejaillirait forcément sur la Maison blanche, estime Ron Bonjean, ancien assistant républicain au Congrès. "Aux yeux du grand public, l'IRS fait partie du gouvernement fédéral, lui-même sous le contrôle de la Maison blanche", fait-il valoir. Ces scandales risquent donc de bousculer l'agenda politique des démocrates. Majoritaires au Sénat, ceux-ci préparent par exemple une loi bipartisane sur l'immigration qui se suscité déjà de fortes réticences à la Chambre des représentants, dominée par les républicains. "Les conséquences politiques seront très préjudiciables pour l'administration (Obama)", souligne Ron Bonjean. "Il n'y a aucune chance qu'ils (les démocrates) puissent avancer tant que l'enquête sur l'IRS est en cours."
Le parfum capiteux des scandales a de plus toutes les chances de flotter jusqu'aux élections de mi-mandat, en 2014, restreignant d'autant la marge de manœuvre de Barack Obama. Si l'enquête sur les éventuelles défaillances autour de l'attaque contre le consulat de Benghazi ne passionne guère l'opinion publique américaine, il n'en va pas de même de l'IRS et potentiellement des révélations de l'agence Associated Press. La Maison blanche ne s'y est pas trompée en tentant immédiatement de se dégager de toute responsabilité dans les deux cas. Mais l'incendie ne sera pas facile à circonscrire, encore moins qu'à l'époque de Bill Clinton, relève un de ses anciens conseillers de presse, Mike McCurry.
Reuters