Les Rafale français n'ont pas survolé l'Algérie
Le 13 janvier, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, annonce que des avions Rafale français ont survolé l’Algérie pour bombarder les sites jihadistes autour de Gao. Précipitant ainsi Alger dans le conflit malien. Aujourd’hui, Jeune Afrique apprend que les avions de chasse sont en réalité passés au-dessus du Maroc.
Paris, le 15 janvier. Au siège du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se fait présenter devant quelques journalistes les détails opérationnels du raid que quatre avions Rafale ont effectué, deux jours auparavant, sur les sites jihadistes de la région de Gao, dans le Nord-Mali.
Sur un écran, devant le ministre, on distingue le plan de vol que les chasseurs-bombardiers français ont suivi entre Saint-Dizier (France) et N’Djamena (Tchad). Durée : 9 heures 35, avec cinq ravitaillements en vol. Les pilotes ont l’ordre de faire des « frappes rapprochées ». L’effet de surprise doit être total. A midi, les quatre Rafale détruisent simultanément trois cibles militaires autour de Gao. Puis ils reviennent pour en frapper une quatrième.
Pourtant, le 13 janvier au soir, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a annoncé que les avions de chasse français avaient survolé le territoire algérien et il a remercié l’Algérie de sa coopération, la précipitant ainsi dans le conflit.
Dans la crise malienne, le pouvoir algérien a longtemps prôné le dialogue avec certains groupes islamistes et une sortie de crise par le dialogue politique plutôt que la solution armée. Farouchement opposé à une quelconque intervention militaire sur un territoire étranger, il semble donc avoir été pris de court par les déclarations françaises et n’a jamais confirmé que les Rafale avaient utilisé son espace aérien.
L'Algérie précipitée dans la guerre
Trois jours plus tard, le 16 janvier, des jihadistes prennent en otage plusieurs dizaines d’expatriés sur le site gazier d’In Amenas, au sud-est de l’Algérie, à la frontière avec la Libye. Prétexte invoqué par les terroristes : l’autorisation de survol donné par Alger aux appareils militaires français. En réalité, tous les observateurs s’accordent à dire qu’une opération de cette envergure ne se monte pas en trois jours.
Pourquoi Laurent Fabius remercie-t-il l’Algérie pour un service qu’elle n’a pas rendu ? Est-ce parce que le feu vert algérien a été donné trop tard – après le décollage des quatre Rafale de l’aéroport de Saint-Dizier, le 13 janvier à 6 heures du matin ? Est-ce pour ménager l’avenir ? Y a-t-il eu réellement une autorisation de survol ? Les terroristes auraient-ils frappé si la France n’avait pas annoncé cette autorisation ? Autant de questions qui restent ouvertes.
J.A