Qui arrêtera es bêlements à l'Assemblée nationale?
Les bêlements (pardon, échos) qui nous parviennent de l’ouverture de la session unique ordinaire 2013-2014 de l’Assemblée nationale sénégalaise ne sont guère rassurants pour le peuple des Assises ou ce qu’il en reste ! On savait déjà que le pouvoir rendait fou. On se rend maintenant compte qu’il rend amnésique et docile !
Qui ne se souvient de la loi Sada Ndiaye ? Elle aurait dû être la première à être abrogée, non seulement pour rétablir dans leur dignité tous les anciens chefs de Parlement injustement défenestrés, à commencer par notre vénérable Président de la République, mais pour permettre au nouveau président d’une Assemblée supposée être de rupture de porter les seuls habits que son rang et la révolution citoyenne du 23 juin auraient dû lui permettre de porter.
Faute d’opérer des ruptures radicales par rapport aux modes de gestion des pouvoirs socialiste et libéral qui l’ont précédé, les tenants du Yoonu Yokkute ne peuvent qu’user des mêmes recettes qui avaient permis de se défaire du Président d’une Assemblée, qui semblait vouloir faire preuve d’audace et de députés coupables de fidélité excessive avec leur président en rupture de ban !
Qu’est-ce qui justifie que le renouvellement annuel du mandat – jadis quinquennal - soit maintenant admis, au point que les porte-drapeaux de la refondation institutionnelle puissent aujourd’hui s’en accommoder ? Toutes ces questions ainsi que celles portant sur les modalités pour la matérialisation des conclusions des Assises Nationales auraient dû être réglées en début de législature. Faut-il rappeler aux signataires de la Charte de Gouvernance Démocratique que la refondation institutionnelle visait une nette séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ?Pour le Sénégalais lambda, sans portefeuille, sans bourse familiale, ni eau potable, ni électricité, il apparaît de plus en plus que la majorité Bennoo Bokk Yaakaar, loin de reposer sur un socle programmatique pour remettre les institutions à l’endroit, est perpétuellement en train d’user de marchandages quotataires et alimentaires en vue de se tailler une majorité électorale sur mesure et de la conserver le plus longtemps possible.
Pourquoi le président du groupe parlementaire de BBY, jadis connu pour son courage politique, envisage-t-il de faire constater la déchéance d’une députée, qui en a marre de Bennoo Bokk Yaakaar et de la faire remplacer par une autre brebis plus docile ! Quant au pauvre Cheikh Diop Ndione sanctionné pour ''indocilité caractérisée'', il a été victime de sa naïveté, pensant que l’heure de la rupture avait déjà sonné et voulant tenter sa chance face à un dinosaure politique, du fait que la reconduction du Président de l’Assemblée nationale, loin de traduire un consensus entre parlementaires n’a pu se faire que grâce à la bénédiction du Chef suprême de l’Exécutif.
Par ailleurs, au moment où on cherche à faire constater la déchéance de députés frustrés et désorientés, on recrute à tour de bras des transhumants, sans que cela ne heurte la conscience de qui que ce soit !
Au vu de tout cela, il n’est pas du tout superflu de s’interroger sur le sort qui sera réservé aux conclusions de la fameuse Commission Nationale de Réforme des Institutions, quand on sait que les normes et principes éthiques sont quotidiennement foulés aux pieds par les tenants pragmatiques du Yoonu Yokkuté, sous l’œil bienveillant de militants de la révolution citoyenne, qui semblent de plus en plus vouloir faire table rase de leur glorieux passé de révolutionnaires !