Pouvoir et rebelles touareg concluent un accord à Ouaga
Le pouvoir malien et les rebelles touareg qui occupent Kidal, dans le nord du Mali, ont enfin signé mardi à Ouagadougou un accord pour permettre la tenue de l'élection présidentielle du 28 juillet, à l'issue d'âpres négociations.
Lors d'une cérémonie au palais présidentiel du Burkina Faso, pays médiateur, les deux camps ont signé ce document qui prévoit un cessez-le-feu, un retour de l'armée malienne à Kidal et un cantonnement des combattants touareg sur des sites de regroupement. Baptisé «Accord préliminaire à l'élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali», le texte marque l'aboutissement d'une dizaine de jours de difficiles discussions entre le régime malien de transition et les deux groupes touareg, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA).
La France, qui a lancé en janvier l'opération militaire pour chasser les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du Mali, s'est félicitée d'une «avancée majeure dans la sortie de crise». Le représentant du secrétaire général de l'ONU au Mali, Bert Koenders, a salué une «avancée significative pour la stabilisation» du pays, et l'Union européenne un accord «historique».
«Un tremplin vers un Mali nouveau»
L'accord traduit «le début de la réconciliation» entre Maliens et sera «un tremplin vers un Mali nouveau», a assuré le ministre malien de l'Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly. Il doit être «un point de départ pour rebâtir une nation avec toutes ses composantes ethniques», a estimé Mahamadou Djeri Maiga, vice- président du MNLA, appelant à «tourner la page de la haine». Dans l'accord, les deux camps s'engagent à lutter contre le terrorisme.
Un désarmement progressif
Comme l'exigeait le régime malien, qui a plusieurs fois bloqué les discussions autour de cette question, des soldats maliens devraient donc être rapidement positionnés dans la région de Kidal. Mais le désarmement se fera dans les conditions souhaitées par le MNLA-HCUA et les médiateurs internationaux.
Bamako avait réclamé que les rebelles soient désarmés sitôt l'armée revenue à Kidal. «Pas faisable techniquement», ont répliqué la médiation et ses partenaires, faisant valoir qu'un désarmement est une œuvre de longue haleine, qui doit s'inscrire dans un processus «DDR» (désarmement, démobilisation, réinsertion), finalement prévu dans l'accord. Le retour des soldats maliens et le cantonnement des combattants touareg seront accompagnés par la future Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui absorbera à partir de juillet la force africaine (Misma) déjà sur place, et par l'opération française Serval.
La présence des forces internationales à Kidal, où des soldats français sont basés à l'aéroport depuis plusieurs mois, est vue comme un moyen de limiter le risque de confrontation entre les belligérants d'hier, alors que l'armée malienne comme les rebelles ont été accusés de nombreuses exactions. Il s'agit de «garde-fous qui nous rassurent», ont commenté les groupes touareg.
L'accord prévoit enfin la création d'une «commission d'enquête internationale» sur les crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans le nord du Mali.
LeParisien.fr