Les islamistes tirent à l’arme lourde sur Gao
Les islamistes ont tiré lundi à l’arme lourde sur Gao, principale ville du nord du Mali, neuf jours après un attentat suicide dans l’autre grande localité de la région, Tombouctou, signe de la présence persistante de poches islamistes armées actives dans le pays.
« Les islamistes ont lancé de loin des obus sur la ville de Gao », a déclaré à l’AFP un responsable de l’état-major de l’armée malienne à Gao sous couvert d’anonymat.
Cette information a été confirmée par des témoins et par le service de communication de l’opération militaire française Serval au Mali, qui a précisé qu’un soldat malien avait été blessé.
« Des troupes ont été tout de suite dépêchées vers l’endroit d’où venaient les tirs d’obus », a ajouté la source militaire malienne.
Un membre du service de communication de Serval à Bamako a déclaré à l’AFP: « Je confirme qu’il y a eu effectivement cinq explosions ce lundi à proximité de Gao. On ne sait pas encore s’il s’agit de tirs d’obus ou de roquettes. On cherche ».
« Deux maisons ont été touchées en ville. Côté bilan, pour le moment, on sait qu’un militaire malien a été blessé. Nous avons dépêché sur place des hommes aux côtés des troupes maliennes », a-t-il précisé.
Selon deux habitants de la ville interrogés par l’AFP depuis Bamako, les tirs venaient de la sortie nord de Gao, qui mène vers la localité de Bourem.
« J’ai entendu les tirs d’armes lourdes vers la sortie de Bourem. J’ai vu un militaire malien couché par terre. Je ne sais pas s’il est mort ou blessé, mais il a été touché », a déclaré Maha Touré, infirmier dont le domicile jouxte la mosquée de Gao située dans le nord de la ville.
Pas de répit pour les soldats français
Un autre habitant, qui circulait en moto dans le même secteur, a affirmé avoir vu des soldats maliens et français se diriger vers l’endroit d’où venaient les tirs d’obus. Les Français se déplaçaient à bord d’un véhicule blindé « lourd », selon lui.
Ces tirs sur Gao se produisent neuf jours après une attaque suicide à Tombouctou, l’autre grande ville du nord du Mali, qui a fait au moins deux morts parmi des civils, blessé sept soldats maliens et tué les quatre auteurs de l’attaque, selon le gouvernent malien.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cette attaque et affirmé que 16 soldats maliens avaient été tués.
Ces actions des islamistes armés sont la preuve qu’une partie d’entre eux restent actifs dans le nord du Mali, en dépit de l’intervention militaire franco-africaine initiée par la France en janvier pour les en chasser. Ils avaient occupé la région pendant dix mois en y commettant de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique).
L’armée française, qui au plus fort de son intervention a envoyé plus de 4.000 hommes au Mali, y reste présente à hauteur d’environ 3.000 soldats, mais compte réduire son contingent à un millier d’hommes d’ici la fin de l’année.
Ils interviennent aux côtés de l’armée malienne en pleine recomposition après sa débâcle dans le Nord face aux groupes islamistes liés à Al-Qaïda et aux rebelles touareg, ainsi qu’en soutien à la force de l’ONU (Minusma), actuellement composée de quelque 6.000 hommes.