Publié le 8 Feb 2013 - 16:15
TUNIS

Marée humaine aux obsèques de l'opposant tunisien tué, heurts avec la police

 

Des dizaines de milliers de personnes assistaient vendredi aux funérailles de l'opposant assassiné Chokri Belaïd en criant leur colère contre le pouvoir islamiste en Tunisie, où des heurts ont éclaté malgré l'imposant dispositif policier et militaire.

 

 

Les funérailles ont pris des allures de manifestation contre le parti islamiste au pouvoir Ennahda, accusé de cet assassinat sans précédent dans les annales contemporaines du pays, et de la crise sécuritaire et politique dans laquelle est plongé le pays depuis des mois.

 

La police a tiré des gaz lacrymogènes sur des casseurs qui ont mis le feu à une dizaine de voitures face au cimetière, dans le sud de Tunis, où l'opposant devait être inhumé, provoquant un bref mouvement de panique, selon un policier. Une épaisse fumée et des flammes étaient visibles aux abords du cimetière.

 

Sur l'avenue Habib Bourguiba au coeur de Tunis, les policiers ont pourchassé à coup de matraque et de gaz lacrymogènes des dizaines de jeunes manifestants hostiles au pouvoir scandant "dégage, dégage", cri de ralliement lors de la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.

 

Pour les funérailles de cet opposant tué de trois balles tirées à bout portant devant son domicile mercredi à Tunis, le pays était paralysé par une grève générale à l'appel de partis et de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT).

 

Belaïd, 48 ans, était un farouche opposant aux islamistes et dirigeait le Parti des Patriotes démocrates qui avait rejoint l'alliance "Front populaire" fédérant une dizaine de groupuscules d’extrême gauche et nationalistes arabes. Aucune indication n'a été donnée sur les auteurs de son meurtre.

 

"Ghannouchi assassin"

 

"Le peuple veut la chute du régime", a scandé la foule à l'entrée du cimetière d'El-Jellaz. Et "Le peuple veut une nouvelle révolution", le chef d'Ennahda Rached "Ghannouchi assassin", "Ghannouchi prends tes chiens et pars".

 

Un impressionnant dispositif y était déployé comprenant des militaires, des unités anti-émeutes casquées ainsi que hommes en civil cagoulés armés de bâtons.

 

Des hélicoptères de l'armée survolaient Tunis où des camions militaires ont été déployés avenue Bourguiba, épicentre des heurts ces derniers jours qui ont coûté la vie à un policier. Un autre policier était vendredi dans le coma après avoir été tabassé dans la nuit par des manifestants à Gafsa.

 

Les militaires ont été aussi déployés dans les villes de Zarzis (sud), autre point chaud près de la frontière libyenne, à Gafsa (centre), et à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, devant les principales administrations.

 

Dans ces villes et ailleurs, des centaines de personnes défilaient en scandant "Assassins" et "Chokri repose toi, on continuera ton combat". A Gafsa, de bref heurts ont opposé policiers et manifestants.

Pourtant l'UGTT a appelé à une "grève pacifique contre la violence" et les autorités ont demandé aux citoyens "d'éviter tout ce qui porterait atteinte à la sécurité publique".

 

Divisions à Ennahda

 

Le pays tournait au ralenti après cet appel, tous les vols depuis et vers la Tunisie ont été annulés à l'aéroport de Tunis-Carthage, le principal du pays, selon des sources aéroportuaires. Dans la capitale, les rues étaient largement vides et les rames du tramway désertées.

 

La grève, la première de cette ampleur depuis 2011, intervient dans un contexte économique et social très tendu, les manifestations et conflits sociaux, souvent violents, se multipliant en raison du chômage et de la misère, deux facteurs clé de la révolution.

 

D'ailleurs, l'état d'urgence est en vigueur depuis la révolution, les autorités cherchant à rétablir la sécurité après la recrudescence des violences, les plus graves ayant impliqué des groupuscules islamistes radicaux.

 

L'assassinat a aussi aggravé la crise politique avec des divisions apparues entre modérés d'Ennahda représentés par le Premier ministre Hamadi Jebali et numéro 2 du parti et une frange plus radicale rangée derrière leur chef historique, Rached Ghannouchi. M. Jebali avait appelé à un gouvernement restreint de technocrates rejeté par Ennahda.

 

Dans ce contexte de crise, l'ambassade de France a appelé annoncé la fermeture des écoles françaises vendredi et samedi.

 

Les universités tunisiennes seront fermées jusqu'à lundi.

 

 

Section: 
USA-AFRIQUE : Les nouveaux termes de l’échange
BABA AIDARA, JOURNALISTE : ‘’Wade avait obtenu le premier Compact, Macky le second, Diomaye…’’
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT : Le Sénégal Partage son Expérience en Financement Social
A Madrid : Un troisième sommet Afrique-Espagne pour continuer d'amplifier les échanges commerciaux
USA : Les Brics expriment leurs «sérieuses préoccupations» face aux droits de douane de Trump
AFGHANISTAN – UN RECORD DE 256 000 MIGRANTS REVENUS D’IRAN : L’OIM alerte sur une crise humanitaire et un grave déficit de financement
DONALD TRUMP CONVOQUE UN MINI-SOMMET AFRIQUE-USA À WASHINGTON : Enjeux minéraux, sécurité et diplomatie ciblée
ATTAQUES DU 1ER JUILLET : Bamako pointe des “sponsors étatiques” sans preuve  
MALI : Attaques jihadistes massives aux portes du Sénégal, une alerte ignorée ?
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais