Un anneau vaginal pour prévenir l’infection ?
Les dispositifs à anneau vaginal sont déjà bien connus pour leurs applications à la contraception féminine. Mais des anneaux vaginaux délivrant un antirétroviral (ARV) à doses filées pourraient-ils être utilisés pour prévenir l’infection à VIH ? Plusieurs équipes étudient déjà la possibilité de les transformer en une méthode de prévention féminine contre le VIH/SIDA.
Ce serait un espoir dans la lutte contre l’épidémie, notamment en Afrique subsaharienne. Toutefois, les experts estiment nécessaire de poursuivre les études avant d’envisager leur mise à disposition.
Un anneau vaginal délivrant du tenofovir, testé sur des brebis, s’est montré « sûr, efficace et capable de délivrer des doses régulières (d’antirétroviral ou ARV) sur une période de trois mois », indiquent les auteurs d’un travail publié par le Conrad, institut de recherche sur les microbicides de la Eastern Virginia Medical School de Norfolk, dans l’état américain de Virginie.
Ce dispositif, mis au point par les ingénieurs du même Conrad, l’a été pour délivrer la même dose quotidienne de ce médicament pendant 90 jours d’affilée. Autre atout : « il peut libérer en une seule fois, une dose 1 000 fois supérieure à celle des autres dispositifs à l’essai », précisent les auteurs.
Mais délivrer des doses importantes présente-t-il un réel intérêt ? « On ne le sait pas avec certitude. Il faudrait apprécier la tolérance de la muqueuse génitale à ces fortes doses. Et peut-être n’a-t-on pas besoin de quantités si importantes », note le Pr Jean-Michel Molina, chef du service des Maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital Saint-Louis de Paris.
Pour une meilleure observance
En tout cas, l’utilisation de l’anneau vaginal comme outil de prévention contre le VIH/SIDA ouvre des perspectives qui intéressent de nombreux chercheurs. D’autres anneaux vaginaux destinés à délivrer un antirétroviral font également l’objet d’études. C’est le cas d’un dispositif testé par l’International Microbicides Partnership (IMP). Celui-ci relâche de la dapivirine. Comme le tenofovir, cet ARV est utilisé comme traitement de première ligne chez les patients séropositifs au VIH. Pour tous ces anneaux, une même limite est posée par certains spécialistes. « Si une femme était déjà infectée sans le savoir, elle pourrait en utilisant ce type de dispositif, développer une résistance au traitement », préviennent les experts du programme des Nations Unies de lutte contre le SIDA (ONUSIDA).
Toutefois, l’étude Caprisa menée en Afrique du Sud auprès de prostituées, avait révélé l’efficacité insoupçonnée d’un gel antirétroviral utilisé en applications vaginales, pour prévenir l’infection à VIH. Les femmes qui l’avaient utilisé avant et pendant les rapports avaient vu leur risque d’être contaminées diminué de 40%. Or « il n’est pas toujours facile pour ces femmes d’appliquer ce type de produit de façon vraiment régulière. Par conséquent, un anneau délivrant juste la dose quotidienne nécessaire pendant 3 mois, serait plus efficace », admettent volontiers les experts de l’ONUSIDA. Les études devront toutefois être poursuivies avant d’envisager sérieusement de mettre ces anneaux d’un nouveau genre à disposition des femmes.
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