Publié le 11 Jan 2013 - 12:20
CENTRAFRIQUE

De réelles chances d'un accord aux pourparlers de Libreville

Des rebelles de Séléka, le 10 janvier 2013 près de Damara, à 75 km au nord de Banguii

 

La délégation de la rébellion du Séléka a entamé une réunion à huis clos en fin de matinée avec des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC), arrivés jeudi pour tenter de trouver une issue pacifique à la profonde crise politico-militaire déchirant l'un de ses plus pauvres Etats-membres, a constaté l'AFP.

 

Les présidents gabonais Ali Bongo, congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur dans ce conflit, et tchadien Idriss Deby participaient vendredi aux discussions. Idriss Deby, président en exercice de la CEEAC, avait en 2003 aidé le général François Bozizé à prendre le pouvoir par un coup d'Etat à Bangui.

 

L'Equato-guinéen Téodoro Obiang N'Guema, présent jeudi, est rentré dans son pays.

 

Les négociations semblent pouvoir se débloquer en raison de l'annonce par la rébellion de son accord de principe à un cessez-le feu d'une semaine avec le régime du président Bozizé. Ce qui signifie que, pour l'instant, la rébellion abandonne son exigence d'un départ immédiat du dirigeant centrafricain du pouvoir.

 

«Nous allons donner notre accord de principe pour un cessez-le feu d'une semaine et observer (la) bonne foi (du président Bozizé). S'il nous la prouve, nous allons revenir à Libreville pour signer définitivement le cessez- le-feu», a déclaré le porte-parole de la coalition rebelle du Séléka, Florian Ndjadder.

 

Cette concession d'une rébellion victorieuse sur le terrain est cependant soumise à plusieurs exigences fortes que doit accepter François Bozizé, ce qui explique qu'aucune déclaration finale n'ait été encore publiée.

 

«Les forces mercenaires venues d'Afrique du Sud doivent quitter le territoire centrafricain, les prisonniers politiques doivent être libérés sans conditions pendant la même période», a affirmé M. Ndjadder. La rébellion demande également la nomination d'un nouveau Premier ministre issu de l'opposition.

 

«Nous avons la possibilité de marcher sur Bangui mais par respect des chefs d'Etat de la CEEAC nous allons démontrer que nous voulons la paix», a ajouté le porte-parole.

 

Un sérieux échec menaçait jusque-là les pourparlers, en l'absence de concessions du pouvoir et des rebelles qui, ayant enlevé la majeure partie du pays depuis le 10 décembre, exigeaient le départ du président Bozizé et sa traduction devant la Cour pénale internationale.

 

François Bozizé, très fragilisé en raison de la déroute de son armée face au Séléka, était arrivé jeudi à Libreville, après avoir salué environ 15.000 sympathisants manifestant leur soutien dans Bangui.

 

Les médiateurs tentent d'arracher ce cessez-le-feu aux protagonistes afin de permettre aux populations civiles, déplacées par les combats, de regagner leurs villes et villages.

 

Reste à savoir si, en un délai de sept jours de cessez-le-feu, les nombreuses conditions militaires et politiques posées par les rebelles seront satisfaites à temps par un régime qu'ils accusent régulièrement de duplicité.

 

Certaines sources proches des pourparlers indiquent que la rébellion pourrait obtenir le porte-feuille de la Défense, ce qui entérinerait officiellement la débâcle des Forces armées centrafricaines (FACA), incapables de résister à l'offensive rebelle déclenchée le 10 décembre.

 

La coalition du Séléka a pris les armes car elle reproche au pouvoir le non-respect de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les rébellions, notamment l'accord de paix global de Libreville de 2008.

 

Elle tient la majeure partie du pays et a arrêté son offensive sur Bangui en raison de la mobilisation des pays d'Afrique centrale qui ont positionné sur sa route environ 750 militaires tchadiens, gabonais et congolais. Plusieurs centaines de soldats français et sud-africains sont également présents en Centrafrique.

 

 

20minutes

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