De nombreux blessés lors de heurts de jeudi à Conakry

Des heurts ont opposé jeudi 2 mai, à Conakry, les forces de l'ordre et des militants de l'opposition. Des dizaines de personnes ont été blessées dans les deux camps. Les manifestants demandent notamment des élections législatives libres et transparentes. La date du scrutin a été fixée par le président Alpha Condé au 30 juin, ce que l'opposition conteste.
Des affrontements rarement vus en Guinée ont éclaté entre des milliers de manifestants et les forces de l’ordre qui ont fait usage de tous les moyens conventionnels pour empêcher la progression du cortège de l‘opposition.
Pour une fois, c’est un désaccord sur l’itinéraire à emprunter qui a conduit à l’affrontement. Les opposants voulaient coûte que coûte manifester sur l’autoroute qui mène au centre-ville malgré l’interdiction injustifiée du gouverneur de Conakry. Les leaders de l’opposition ont tenté de forcer le passage et ont finalement fait demi-tour face à l’important dispositif policiers et gendarmes.
Des gaz lacrymogènes, des canons à eau chaude, selon des manifestants, des matraques et même des coups de poing ont eu raison de la détermination des manifestants.
Vu l’intensité des affrontements et la tournure des événements, les chefs de l’opposition ont pris la sage décision de rebrousser chemin au grand dam de leurs partisans qui tenaient à en découdre avec les forces de l’ordre.
Au sortir de cette grosse bagarre, deux véhicules de la police ont été incendiés. Les militants de chaque bord se sont retrouvés à l’intérieur des quartiers pour régler leurs comptes. Des domiciles privés ont été attaqués. Les policiers ont parfois été obligés de protéger les manifestants interpellés contre la foule en colère. Le bilan reste malgré tout moins lourd que celui de la semaine dernière : un adolescent de 16 ans avait été tué.
En réaction, l’opposition, elle, se frotte les mains. L’un des membres a expliqué à RFI : « Nous avons réussi notre manifestation, qui consiste à attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation explosive que traverse notre pays, mais aussi à paralyser la capitale. »
L'opposition a dénoncé la « dictature » du président Condé qui veut organiser une « mascarade électorale » le 30 juin prochain. Elle dénonce la complicité entre la Commission électorale nationale indépendante, l'opérateur technique chargé de la révision du fichier électoral Way Mark et le gouvernement guinéen.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement, le ministre Damantang Albert Camara, s’était déclaré inquiet de la décision de l’opposition de ne pas respecter l’itinéraire décidé par les autorités.
L’opposition, qui tentait de tenir un meeting improvisé sur une place publique, a été empêchée par les forces de l’ordre.
RFI