L'abolitionniste Ould Dah Abeid fustige le «système esclavagiste»
Le sémillant leader de Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie vient d'être fait lauréat du prix Front Line Defenders 2013 qui récompense les défenseurs des droits humains. De retour à Nouakchott, Biram Ould Dah Abeid a fait le procès d'un «système de domination raciste et esclavagiste».
C'est un accueil populaire et coloré qui a été réservé samedi dernier à Biram Ould Dah Abeid, de retour d'un périple européen. Le leader de Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) est en effet revenu au pays en lauréat du prix Front Line Defenders 2013. Une distinction reçue des mains du président irlandais, Michael Daniel Higgins, qui récompense les activistes au services des droits humains.
Lors du meeting organisé dans la foulée, Ould Dah Abeid est revenu sur la situation des droits de l'Homme en Mauritanie, et notamment sur le système de «domination raciste et esclavagiste» en vigueur, d'après ses propos. «Notre dissidence idéologique, notre insurrection morale et notre rébellion contre le système, vont continuer à jouer le rôle d’une lampe contre ce système jusqu’à son écroulement», a indiqué le leader de IRA. Il a donc demandé aux autorités mauritaniennes d'«entamer un processus de déconstruction du système raciste et esclavagiste qui sévit toujours» dans le pays. Réitérant son «engagement indéfectible à côté des veuves et orphelins des années 89 à 92», Ould Dah Abeid a dénoncé l'enrôlement qui, selon lui, «est une entreprise de séquestration de l'identité de la population mauritanienne», et s'est insurgé «contre l'introduction d'un document étranger (carte de séjour exigée à la diaspora)» avant toute reconnaissance de la nationalité mauritanienne pour les expatriés.
Comme revigoré par sa distinction, le leader du mouvement abolitionniste s'est attaqué à la classe politique nationale. «L’opposition et le pouvoir sont deux têtes d’un même serpent. Ils constituent un système raciste et égoïste», s'est-il écrié. Aujourd'hui, «il est temps (pour eux) d’opérer le processus de changement et de transformation» en profondeur de la société mauritanienne. Par ailleurs, Biram Ould Dah a annoncé la création d'une centrale syndicale pour mieux défendre les droits des travailleurs victimes de spoliation de leurs droits élémentaires et fondamentaux.
IBOU BADIANE (CORRESPONDANT EN MAURITANIE)