Le pape lance une commission d’enquête sur la banque du Vatican
Le pape François a annoncé mercredi la création d’une commission spéciale d’enquête sur la banque du Vatican pour s’assurer que ses activités soient « en harmonie » avec la mission de l’Eglise catholique. Cette instance de cinq membres est présidée par le cardinal Raffaele Farina, archiviste et bibliothécaire émérite du Saint-Siège. Y siègent trois autres prélats, dont le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et une femme professeur à l’université américaine de Harvard. Elle dépendra directement de l’ancien archevêque de Buenos Aires, court-circuitant ainsi la bureaucratie vaticane à la réputation entachée par des accusations de scandales et de corruption.
L’Institut pour les oeuvres de religion (IOR, nom officiel de l’établissement), principale institution financière du Vatican, est au centre de nombreux scandales financiers qui sont une source de profond embarras pour l’Eglise depuis des dizaines d’années. Il lui est notamment reproché de ne pas respecter les critères internationaux de transparence dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. La commission, instituée par « chirographo » (décret personnel du pape), permettra au successeur de Benoît XVI de « mieux connaître la position juridique et les activités de l’IOR pour améliorer ainsi une harmonisation avec la mission de l’Eglise universelle ».
Tous les pouvoirs
Elle sera dotée de tous les pouvoirs pour obtenir l’ensemble des données et informations nécessaires et pour se substituer aux règles existantes obligeant les responsables à respecter le secret dans l’exercice de leurs fonctions. La banque continuera durant l’enquête de la commission d’être gérée par ses administrateurs actuels et d’être supervisée par les régulateurs habituels.
Selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, l’IOR n’est pas mis sous tutelle spéciale mais la commission disposera de prérogatives élargies pour accomplir sa mission. Elle devra, aux termes du décret qui porte la signature de François, rendre à ce dernier ses conclusions et tous les documents afférents dès qu’elle aura terminé ses investigations
Par le passé, des sources vaticanes déclaraient que le pape pourrait décider de restructurer de fond en comble la banque, voire de la fermer. Lors des réunions organisées avant le conclave qui a élu François, plusieurs cardinaux s’étaient interrogés sur l’opportunité pour le Saint-Siège d’être doté d’un établissement bancaire.
Changer l’image
Le nouveau pape souhaite casser l’image d’institution privilégiée qu’a l’Eglise et le nouveau président de l’IOR, l’Allemand Ernst von Freyberg, a commencé à se pencher sur les comptes et les activités de la banque. Cette dernière, qui n’effectue aucune opération de prêts, détient des avoirs d’une valeur de 7,1 milliards de dollars qu’elle gère. Elle dégage 86,6 millions de bénéfices qui servent à financer des opérations de l’Eglise à travers le monde.
En 2012, le Saint-Siège a décelé six tentatives de recylcage d’« argent sale » au Vatican et cette année, on en dénombre sept pour le moment. L’image de l’IOR a été notamment salie par son implication dans la banqueroute de Banco Ambrosiano, dont le président, Robert Calvi, avait été retrouvé pendu le 18 juin 1982 au pont de Blackfriars à Londres.
Lesechos.fr & Reuters