Publié le 27 Jun 2013 - 22:27
UN TOUR A GOREE

Une sécurité discrète, plus humaine, en attendant «Barack»

 

Pour éviter le «syndrome Bush», les autorités ont mis en place un dispositif sécuritaire moins corsé, mais avec un nombre impressionnant de policiers en civil.

«Vous voyez ces gens là-bas, ce sont des policiers». L’alerte d’un jeune garçon, rencontré au quai de Gorée, renseigne sur l’ambiance qui régnait sur l'île, hier. Un dispositif sécuritaire discret, mais très renforcé est mis en place. Dans les lieux publics, difficile pour un étranger de distinguer les forces de l’ordre en tenue civile des populations locales ou de passage. Une «approche humaniste» adoptée pour éviter le «syndrome Georges Bush», dont l’arrivée sur les lieux en 2003 avait été mal vécue par les autochtones. «Franchement, nous n’avons aucun problème avec les forces de l’ordre. Les mesures sécuritaires sont largement plus allégées que durant la visite de Bush», apprécie Adama Ndiaye qui tient boutique sur la place de Gorée. Lunettes noires sur le visage, il relativise d’ailleurs la descente musclée des forces de l’ordre qui avait suscité la colère de certaines populations. «En réalité, dit-il, les policiers n’ont arrêté que les fumeurs de chanvre indien. Depuis leur passage, l’île est devenue plus sécurisée».

Un avis que ne partage pas Ousmane Ba. Assis sur la terrasse du restaurant ‘’La Signare’’, en compagnie de ses amis, ce jeune homme d’une vingtaine d’années en veut toujours aux policiers. «La situation est pire que celle qu’on a vécue avec Bush. En débarquant ici, les forces de l’ordre ont embarqué mes jeunes frères qui ne faisaient que leur travail de cireurs», déplore-t-il. Son ami Ameth l’interrompt et exprime son désaccord. «Dans ce genre de situation, les forces de l’ordre ratissent large avant de faire le tri. Ceux qui n’ont rien à se reprocher seront vite relâchés», explique-t-il. En réalité, Ameth est un élément de la...police. Il est habillé en civil. Il discute passionnément du sujet, avec précision. Il aura fallu qu’un de ses collègues le rappelle pour que votre serviteur découvre sa véritable identité. Il prend congé de ses amis avant qu’on ne le retrouve plus tard en compagnie de ses «classes», près du poste de police.

Au Castel, crèchent des sans domicile fixe, dans une ambiance austère. Les rares personnes rencontrées nous jettent un regard méfiant. Les forteresses qui servaient d’abri pour des «étrangers» ont été nettoyées. L’opération de sécurisation des forces de l‘ordre semble avoir installé la psychose. «Depuis ce jour, informe Moussa Kouyaté, directeur du Mémorial de Gorée, les populations se méfient. A chaque fois qu’on vous voit avec une autorité policière, on vous soupçonne d’être une taupe».     

Gorée fait peau neuve 

A Gorée, la venue de Barack Obama est sur toutes les lèvres, même si les avis sont loin d’être unanimes. Si certains insulaires disent ne rien attendre du Président américain, d’autres s’y préparent avec enthousiasme. «Nous allons sortir pour l’accueillir massivement», assure Adama. Même si la «visite est privée», les autorités municipales n’ont pas lésiné sur les moyens pour attirer l’attention de «Barack». L’île a en effet fait peau neuve. Des jeunes recrutés par la mairie ont nettoyé les rues à grande eau. Le quai dont un pan s’était affaissé, comme l’avait signalé ‘’EnQuête’’, a été refait. Du moins partiellement. Doudou Niasse, un résident, parle de «rafistolage». «On ne peut comprendre que les gens attendent la visite de Obama pour refaire le quai et procéder à une opération de sécurisation, comme si on ne nous considèrait pas», proteste le jeune. Ce qui est à ses yeux un «complexe de la part des autorités sénégalaises».

Ce n’est pas tout, car, sur l’esplanade de Gorée, drapeaux sénégalais et américains flottent fièrement côte à côte. Situé à quelques jets de pierre de là, Gorée Institut, où le président américain devra rencontrer les membres de la société civile, subit les derniers liftings. A l’entrée, trois policiers veillent, sans trop de protocole. A l’intérieur, le personnel de l’Institut est visiblement débordé. Tout comme son directeur, qui est «en réunion», nous dit sa secrétaire...

DAOUDA GBAYA
 

 

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