Publié le 30 Sep 2012 - 08:59
KÉDOUGOU-PETIT COMMERCE

Les tripes font le bonheur de ces dames

 

 

Hors de question pour ces femmes de rester les bras croisés. Elles s'activent dans la vente de tripes à Kédougou et régalent de leurs mets certaines populations. Elles proposent du couscous et de la soupe à base de mollets, de tripes ou de peaux de vaches. Pour cela, elles se sont installées à l’arrière du marché central de la commune, transformée en triperie.

 

 

 

Elles se retrouvent tous les soirs, derrière le marché central de la commune. Ici viennent des amateurs de «kolthié» en pulaar ou «yeel» en wolof, cette soupe à base de peaux, de tripes et de mollets de vache, servie à satiété. Car, au sein de la population, l'idée la plus répandue est que la soupe renferme des vertus curatives et renforce la rigidité des os. De fait, elle est recommandée en cas de fatigue.

 

Il est 19h30. Comme tous les jours, une dizaine de femmes venues de différents quartiers de la commune de Kédougou prennent position au niveau de l’aire qui leur sert de triperie, au marché central. Assises à l’air libre, chacune d’elles dispose de grands bols remplis de couscous. La soupe quant à elle, est mise dans un autre grand bol. Au besoin, elle accompagne le couscous, selon les désirs du client. À côté, sont disposés d’autres bols contenant de la sauce communément appelée « Thiacoudi » en peul, préparée à base de feuilles de ''nébédaye'', de haricots ou encore d’ignames. Les dispositions réunies pour servir de bons mets, chaque vendeuse s'active dans le service. Car, il ne faut pas faire attendre la clientèle. Chacune veut repartir avec le maximum de sous à la maison pour les besoins de la famille.

 

Bien installés, pour la plupart sur des bancs, hommes, femmes, jeunes et vieux dévorent paisiblement leurs petits plats bien garnis de kolthié. L’une des vendeuses, Oumou Sylla, ne peut s'empêcher de vanter les vertus de la soupe à base de tripes. Elle déclare volontiers qu'elle règle beaucoup de problèmes de santé, en ce que la soupe facilite les mouvements au niveau des articulations et renforce les os. Oumou affirme qu'elle soigne la hernie et plein d’autres choses. ''Très souvent des gens viennent se procurer la fameuse soupe pour des personnes hospitalisées. Dans certaines familles, elle est utilisée comme sauce pour le repas du soir'', révèle la vendeuse. Oumou explique comment, pour survenir aux besoins de leurs familles, elles font une petite tontine qu’elles encaissent tour à tour, tous les deux jours. Toutefois, cette dernière tient à préciser qu’elles ne versent pas dans «le travail de sexe».

 

Entre 3000 et 5000 F Cfa de bénéfice par jour

 

Ces braves dames du sérail veulent gagner leur vie de manière honnête. La plupart d'entre elles ont des maris aux revenus maigres. Les prix des mets exquis de ces commerçantes sont compris entre 200 à 600 F Cfa. La soupe se vend à partir de 50 F.

 

Cependant, l’obtention de ces mollets, des peaux et des tripes de vaches n’est pas chose facile. Les femmes font des corvées aux abattoirs, à défaut de passer une commande pour se procurer des denrées à des coûts variant entre 3000, 3500 et 4000 F. Avant d’en venir à la préparation des mets, les femmes passent mollets et peaux au feu, pour enlever les poils, ensuite les lavent à l’eau chaude, à deux reprises, avant de les faire bouillir avec des condiments pour enfin obtenir une bonne soupe qui soigne. L'hygiène est au cœur des préoccupations, dans ces triperies. Et on ne badine pas avec la propreté des aliments servis aux clients. D'ailleurs, le service d’hygiène veille au grain. Ses agents passent périodiquement faire des inspections. Les vendeuses qui ne respectent pas les normes d'hygiène sont dépossédées de leurs grands bols qui finissent parfois à la poubelle.

 

Malgré des bénéfices quotidiens qui varient entre 3000 et 5000 F, ces femmes restent confrontées à un problème d’espace, car souvent elles sont déplacées par les veilleurs de nuit, au marché central de Kédougou, si ce ne sont pas les célibataires ou les voyageurs en partance pour les pays voisins comme la Guinée qui squattent leur aire de vente.

 

PAPE MOUSSA DIALLO (CORRESPONDANT À KÉDOUGOU)

 

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