Publié le 10 Jan 2024 - 14:32
LA CULTURE DE SENGHOR À MACKY

Abdou Latif Coulibaly refait l’histoire

 

L'ancien journaliste et ancien ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, dresse un bilan positif du magistère du Président Macky Sall dans le secteur des arts et de la culture. Évoquant l'histoire, il souligne que l'approche de Macky Sall, semblable à celle du Président Senghor, insuffle "une continuité qui ouvre de nouvelles perspectives". Il s’exprimait en marge du Festival national des arts et de la culture (Fesnac), lors de l'ouverture du Salon national du livre.

 

Lors d'une conférence inaugurale tenue dans le cadre du Festival des arts et de la Culture (Fesnac), Abdou Latif Coulibaly, ancien ministre de la Culture et ancien journaliste, a fait un exposé sur Macky Sall et la culture. Il a situé sa démarche dans une perspective historique, soulignant que la culture a toujours été un élément essentiel dans la vie communautaire au Sénégal, éclairant ainsi son propos. Il a évoqué le magistère du premier Président sénégalais Léopold Sédar Senghor pour le comparer à celui de Macky Sall.

Selon M. Coulibaly, ‘’dès son accession au pouvoir, Senghor a cherché à bâtir un État fort et souverain, avec la culture comme fondement’’. Cela explique, selon lui, le fait que le pays a une politique culturelle marquée par la vision de son premier président. Il a noté que la culture était utilisée comme un outil diplomatique extrêmement important, à cette époque. Selon M. Coulibaly, le Président Macky Sall a compris très tôt que la culture est porteuse de développement, de cohésion et qu'elle est un facteur d'intégration pour le peuple, ce qui, à ses yeux, constitue un acte remarquable et décisif.

Abdou Latif Coulibaly, impliqué dans l'organisation du Grand prix de l'État, souligne qu'environ quarante actions ont été entreprises par le Président Sall. Ces actions ne sont pas nécessairement fondatrices, mais renforcent fortement ce qui a été fait depuis l'indépendance. Pour lui, Macky Sall agit "dans une continuité qui offre de nouvelles perspectives et ouvre un avenir encore plus radieux pour la culture". Il explique : "Macky Sall a une approche particulière. Il a développé et mis en place, pour certains secteurs de la culture, des mécanismes et des moyens qui ont permis à ce secteur de progresser et de contribuer davantage à la construction d'une spécificité nationale."

Il mentionne le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et Audiovisuelle (Fopica). Initialement doté d'un budget d'un milliard, il est passé à deux milliards F CFA. "En général, on s'attarde sur les chiffres comptables et on analyse moins ce que ces chiffres ont produit en termes de qualité et de progrès par rapport à ce qui existait auparavant."

Abdou Latif Coulibaly souligne une tentative similaire à l'époque du président Abdou Diouf, dans les années 1980, avec un fonds envisagé autour de quatre milliards de FCFA pour les acteurs culturels, en particulier dans le cinéma et l'audiovisuel. Malheureusement, la gestion n'a pas été satisfaisante, bien que certains films aient pu être réalisés, notamment un grand film de Sembène Ousmane, qui a bénéficié de ce fonds.

Il note également une tentative de grande restructuration de la distribution des films au Sénégal à l'époque d'Abdou Diouf, qui n'a malheureusement pas été un succès fondamental. Cependant, il se réjouit des progrès récents avec le Fopica, soulignant les réussites notables tels qu'Alain Gomis remportant le prix Etalon d'or de Yennenga au Burkina Faso (le plus grand festival du cinéma en Afrique), Maty Diop remportant un prix au festival de Cannes, et la délégation sénégalaise remportant trois à quatre prix au Festival du Tunis, entre autres réussites.

Ainsi, d'après l'ancien ministre de la Culture, une culture de la production cinématographique a commencé à s'implanter au Sénégal grâce au Fopica. Cependant, il souligne que le cinéma est l'un des métiers les plus techniques et qu'il manque particulièrement de techniciens dans ce domaine. "Si vous souhaitez tourner un film de grande envergure au Sénégal, vous devez chercher partout dans le monde pour rassembler les techniciens dont vous avez besoin", a-t-il indiqué.

Il a partagé une expérience concernant un film tourné à Dakar : "Nous avions des Marocains et des Européens à Dakar. Ils avaient besoin de camions-studios pour les acteurs. Tous les camions ont été loués, depuis le Maroc. Cela permet à certains non seulement de construire du cinéma, mais aussi une économie de production cinématographique. C'est l'un des aspects qu'il faut développer. Un camion qui sert de studio et de lieu de repos se loue généralement entre 250 000 et 500 000 FCFA par jour."

Ainsi, il encourage à prendre des initiatives pour en obtenir. Il souligne également l'importance de former des personnes pour le montage et d'autres tâches.

Livre, arts visuels  

Dans son exposé, Abdou Latif Coulibaly a aussi mis en lumière le rôle joué par Macky Sall dans la réédition du grand Tafsir de Al Hadji Hamath Dème à Sokone, soulignant le doublement du prix du Chef de l'État. Il indique : "Senghor était l'acteur principal de la première édition du livre. Abdoulaye Wade l'a initiée, et le Président Macky Sall est venu parachever ce travail."

En poursuivant sur les réalisations de ce dernier, il note la construction de 12 centres de lecture et d'animation culturelle (Clac) dans le pays. Cela signifie que, grâce aux politiques publiques du Président Macky Sall, la direction du livre a décidé, en partenariat avec la francophonie, de faire en sorte que le livre soit présent jusque dans les coins les plus reculés du Sénégal. Il souligne également la réécriture de l'histoire générale pour un budget de 415 millions.

Il mentionne dans la même veine le soutien à l'édition, aux acteurs, libraires, imprimeurs, diffuseurs et associations professionnelles, de 2013 à 2023, avec le Fonds d'aide à l'édition, représentant cinq milliards 50 millions, selon M. Coulibaly.

S’agissant du Salon national des arts visuels et la Biennale de Dakar, il considère que c’est l'une des meilleures biennales d'Afrique. Abdou Latif Coulibaly n'a pas manqué de saluer le Fonds de développement des industries culturelles (FDCU), soulignant qu'avec Macky, le Sénégal est un pays de culture et de production culturelle.

Le cas d'Abdoulaye Wade

Selon Abdou Latif Coulibaly, la solidité de la base est à l'origine de la continuité évoquée. En ce qui concerne Abdoulaye Wade, il était plus proche de Senghor que Abdou Diouf ne l'était, d'après les confessions d'Abdou Latif Coulibaly. "Les projets qu'il a mis en œuvre ne diffèrent en rien, du point de vue de la structuration même des politiques, de ce qui a été la préoccupation du Président Léopold Sédar Senghor, dès qu'il a pris le pouvoir", a-t-il déclaré. Il a cité en exemple les arts décoratifs, l'école des beaux-arts, entre autres, qu'il trouve remarquables.

Il a également souligné les investissements de Wade dans la construction d'infrastructures culturelles, telles que la Place du souvenir et le Monument de la Renaissance africaine qui a accueilli la 3ème édition du Festival mondial des arts nègres. La similitude avec Senghor est ressortie. Abdoulaye Wade, de la même génération que Senghor d'une certaine manière, a une pensée politique influencée par la situation coloniale de l'époque. La politique culturelle de Me Wade inclut également le Programme national de développement culturel (PNDC).

Selon Abdou Latif Coulibaly, la situation politique entre le Président Macky Sall et le Président Wade est bien établie. Car, l'une des mesures les plus importantes, qui s'articule autour de l'aménagement culturel du territoire, reposait essentiellement sur le développement des ressources humaines. "L'ambition était forte avec le Président Wade", a-t-il déclaré, soulignant surtout le soutien à l'initiative privée et à la coopération. "J'ai discuté avec un ami qui m'a dit un jour: le seul problème qu'on a eu avec Wade, c'est qu'il est arrivé un peu tard au pouvoir. S'il était arrivé à un âge plus jeune, il aurait fait des choses remarquables dans ce pays, sur le plan culturel et dans d'autres domaines. Je le crois sincèrement", a révélé l'ancien journaliste.

BABACAR SY SEYE

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