La thérapie des experts de la BM et du FMI

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Le Comité du développement de la Banque mondiale et du FMI a tenu, virtuellement, ce 17 avril, sa réunion de printemps 2020. Les échanges ont porté essentiellement sur les impacts de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale et du redressement de celle-ci, après la crise.
Comment redresser les économies et préserver les acquis de la réalisation des ODD, après la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 ? En réunion virtuelle, ce vendredi, les experts du Comité de développement de la Banque mondiale et du FMI se sont penchés sur cette question. L’idée est d’encourager ces deux institutions onusiennes à continuer à aider leurs clients, en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé, les institutions financières internationales et les partenaires bilatéraux. L’objectif principal est de travailler de concert à combattre cette pandémie, soutenir le redressement des économies et préserver les acquis vers la réalisation des ODD.
‘’La pandémie de Covid-19 met en évidence le fait que les acteurs du développement sont de plus en plus confrontés à des enjeux d’envergure mondiale, qui nécessitent une action décisive, collective et innovante. Une coopération multilatérale est nécessaire pour la contenir et pour atténuer ses conséquences sanitaires, sociales et économiques. Grâce à ses instruments de prêt, d’investissement et de partage du savoir et à son pouvoir de mobilisation, le Groupe de la Banque mondiale est l’institution la mieux placée pour apporter des réponses à ces questions complexes et pour jouer un rôle de premier plan dans cette démarche’’, indiquent les experts du comité de développement dans leur communiqué final d’après réunion.
L’économie mondiale étant secouée par un choc négatif sans précédent provoqué par la Covid-19, on assiste à la baisse drastique de la confiance des investisseurs internationaux qui a fortement resserré les conditions des financements extérieurs pour les pays sur toute l’échelle des revenus. La pandémie perturbe également les échanges commerciaux, les chaînes d’approvisionnement et les flux d’investissement. Elle bride le capital financier et le capital humain, tandis que les envois de fonds, les recettes du transport et le produit de l’activité touristique diminuent rapidement.
Il y a aussi la chute brutale des prix des produits de base qui plombe les économies tributaires de ces produits. ‘’Nous demandons au Groupe de la Banque mondiale d’aider les pays à atténuer ces perturbations et d’appuyer les efforts déployés pour préserver les emplois et stimuler la confiance. Une attention particulière devra être portée à l’approvisionnement en fournitures médicales d’un coût abordable et à la sécurité alimentaire et la sûreté des aliments. Nous demandons également à tous les pays de garantir la circulation transfrontalière de fournitures médicales de première nécessité, de produits agricoles essentiels et d’autres biens et services, et de s’employer à remédier au dérèglement des chaînes mondiales d’approvisionnement, afin de soutenir la relance de leurs économies’’, recommandent les experts.
Ils chargent, par ailleurs, le Groupe de la BM d’aider les pouvoirs publics à affecter des ressources aux interventions de santé publique, aux programmes de nutrition et d’éducation, et aux services essentiels ainsi qu’aux actions de protection sociale contre les méfaits immédiats de la crise. Ces efforts doivent, estime-t-on, accorder une attention particulière aux situations de fragilité, aux petits États insulaires et aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables dans tous les pays, en tenant compte de la problématique hommes-femmes.
Comment atténuer la crise dans les pays pauvres
Les experts du Comité de développement de la BM et du FMI ont réitéré leur soutien aux pays pauvres pour l’annulation de la dette, en cette période de pandémie qui touche considérablement les économies. Ils ont, dans ce sens, demandé au FMI et au Groupe de la BM d’aider les pays clients à obtenir des résultats probants sur le plan du développement et à raccourcir le temps nécessaire au redressement de leurs économies. Il est aussi question d’accompagner les pays les plus pauvres dans la demande d’allégement ou d’annulation de la dette.
‘’Les pays IDA sont gravement touchés par la pandémie. Nous sommes conscients de l’accroissement des obligations au titre du service de la dette et du besoin de liquidités immédiates pour mener une action coordonnée face aux défis que pose la crise provoquée par la Covid-19. Par conséquent, nous soutenons vivement les initiatives prises par le Groupe de la Banque mondiale en faveur des pays IDA, y compris en concentrant en début de cycle les financements sous forme de dons et à des conditions hautement favorables au titre d’IDA-19’’.
‘’Nous saluons la ligne d’action coordonnée adoptée par le G20 et le Club de Paris, et soutenue par le Groupe de la BM et le FMI, en faveur d’une suspension par les créanciers bilatéraux publics, pour une période bien définie, des paiements au titre du service de la dette au profit des pays pauvres qui sollicitent un délai de grâce’’, précise-t-on dans le communiqué. Les experts souhaitent, en même temps, que ces pays soient assistés dans la conception et la mise en œuvre de politiques et programmes qui aident les ménages les plus démunis à sortir de la pauvreté et à soutenir les petites entreprises.
Les experts ont aussi demandé à la Banque mondiale et au FMI de travailler avec les pays IDA, pour évaluer la viabilité de leur dette d’une manière plus transparente, de surveiller l’utilisation de la marge de manœuvre budgétaire dégagée et de rendre compte de l’état d’avancement de ce travail au comité du développement, lors des assemblées annuelles.
‘’Faisant suite à la requête adressée par le G20 aux banques multilatérales de développement, nous chargeons la Banque mondiale d’étudier plus les possibilités de surseoir aux paiements au titre du service de la dette au-delà de la période de suspension, tout en maintenant sa capacité financière, sa cote de solvabilité actuelle et le faible coût de ses financements, et d’en rendre compte à ses administrateurs dans des délais raisonnables. Nous chargeons aussi le Groupe de la Banque mondiale et le FMI de passer en revue le problème de la dette des pays à revenu intermédiaire, et d’examiner rapidement une panoplie de solutions aux tensions budgétaires et au fardeau de la dette dans ces pays, au cas par cas’’, recommande-t-on.
En outre, conscients que cette crise est de nature à effacer les acquis en matière de développement dans de nombreux pays, les experts onusiens ont recommandé à la BM de non seulement pourvoir aux besoins économiques immédiats, mais aussi promouvoir la réalisation des objectifs de développement prioritaires à long terme. La stratégie est d’assurer l’accès à l’énergie bon marché, en renforçant la sécurité énergétique et en développant la résilience aux facteurs de vulnérabilité économique et environnementale et au changement climatique. Autrement dit, aider les pays à créer les conditions propices à une croissance solidaire et durable à long terme.
ABBA BA